Depuis 2022 nous avons dépassé six limites planétaires sur neuf, à savoir le changement climatique, la biodiversité, l’utilisation des sols, le cycle de l’eau douce, la pollution plastique ainsi que le cycle du phosphore et de l’azote.
La responsabilité sociale des entreprises (RSE) est devenue une des principales préoccupations des organisations aujourd’hui. Lorsqu’on y fait référence, on pense souvent à des initiatives écologiques, à des normes de production éthiques ou à l’engagement communautaire. Mais on ne pense pas vraiment au marketing, et encore moins vers le marketing numérique. Le monde numérique, qui va des plateformes de streaming, logiciels, datas, à nos courriels, est responsable de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dépassant même le transport aérien.
Si les bénéfices du numérique sont indéniables pour les entreprises comme pour les consommateurs, alors comment pouvez-vous réduire votre empreinte carbone tout en restant efficace en marketing numérique ?
1. L’hébergement écologique : Choisir des fournisseurs verts
Les data centers représentent une part significative de la consommation électrique mondiale, équivalant à environ 1% selon l’International Energy Agency. Un centre de 10 000 m² consomme autant qu’une ville de 50 000 habitants.
Alors que la demande en ressources des data centers continue de croître, il est impératif de mettre en œuvre des solutions durables. Les data centers seront toujours nécessaires dans un monde de plus en plus numérique. Les entreprises et les particuliers recherchent de plus en plus des fournisseurs d’hébergement web qui privilégient les sources d’énergie renouvelables, les infrastructures à haut rendement énergétique et les pratiques durables.
Ils produisent de l’énergie renouvelable par divers moyens, notamment des éoliennes, des panneaux solaires et de l’énergie hydroélectrique. Ils investissent dans des infrastructures qui exploitent ces sources d’énergie pour alimenter leurs centres de données et réduire la dépendance à l’égard des combustibles fossiles.
Comment choisir un hébergement web écologique ?
Pour identifier un véritable fournisseur d’hébergement web écologique, recherchez les certifications reconnues en matière d’énergie renouvelable, telles que les certificats d’énergie renouvelable (REC). Les fournisseurs d’hébergement web peuvent également opter pour la compensation carbone, ce qui signifie qu’ils investissent dans des projets qui réduisent les émissions de CO2 ailleurs pour compenser leurs propres émissions. De plus, la localisation des serveurs peut avoir un impact significatif sur la consommation d’énergie. Plus un serveur est éloigné de l’utilisateur final, plus le temps de chargement sera long et plus la quantité d’énergie consommée sera importante.
2. L’éco-conception : Vers des sites web plus durables
Le développement durable des sites web est un concept essentiel pour tous les acteurs du numérique. Au-delà des bénéfices environnementaux, cette approche offre également de vrais avantages pour les entreprises et leurs utilisateurs. Comprendre l’impact de vos sites web et adopter des pratiques éco-responsables est devenu une nécessité à un moment où le numérique est à son apogée.
L’éco-conception web est un sujet dont on parle très peu en informatique. Pourtant, devenir un meilleur développeur, c’est aussi être sensibilisé aux problématiques actuelles.
Bonnes pratiques en matière d’éco-conception web
En tant que créateurs du web, les développeurs ont la responsabilité et la capacité de réduire cet impact en concevant des sites éco-responsables. Cela passe par utiliser des formats appropriés, compresser sans perdre la qualité et éviter les images inutiles. Ils peuvent penser à réduire l’utilisation de plugins et de scripts de suivi, éviter les ressources externes inutiles et simplifier le code pour réduire le temps de chargement. Il faut également préférer les polices natives aux polices de texte externes, car elles requièrent moins de requêtes.
Pour créer un site web « vert » il faudrait ainsi utiliser des langages de programmation économes en énergie, mettre en place un réseau de diffusion de contenu (CDN) et adopter une présentation « mobile-first ».
Quels seront vos avantages ?
Les sites optimisés se chargent plus rapidement, offrant une meilleure expérience à l’utilisateur. Les moteurs de recherche favorisent les sites plus rapides, ce qui peut améliorer le classement dans les résultats. Ainsi les sites optimisés sont plus accessibles aux personnes ayant des connexions lentes ou des appareils plus anciens. Cela engendre également une réduction des couts, moins de ressources consommées signifie moins de coûts associés à l’hébergement et à la bande passante.
3. Marketing numérique : L’emailing génère-t-il une empreinte carbone ?
A première vue, l’envoi d’un e-mail semble être une action anodine d’un point de vue écologique. Une étude a révélé que, oui, l’emailing génère une empreinte carbone.
Chaque e-mail envoyé, reçu et stocké nécessite de l’énergie. Les data centers qui gèrent ces e-mails consomment une quantité considérable d’électricité. Les e-mails marketing ont souvent un taux d’ouverture inférieur à d’autres types d’e-mails. Cela signifie que beaucoup d’énergies sont dépensées inutilement pour des e-mails qui ne seront jamais lus.
En privilégiant la qualité à la quantité dans le marketing par e-mail, non seulement vous contribuez à la protection de l’environnement, mais vous offrez également une meilleure expérience à vos abonnés, augmentant ainsi l’efficacité de vos campagnes.
Des pratiques pour un marketing numérique par e-mail éco-responsable
Plutôt que d’envoyer des e-mails en masse, il est préférable d’utiliser la segmentation pour cibler des groupes spécifiques d’abonnés en fonction de leurs intérêts ou de leur comportement. Cela augmente la pertinence des e-mails, améliore le taux d’ouverture et réduit le nombre d’e-mails non lus. De plus, Il est essentiel d’offrir à vos abonnés la possibilité de se désinscrire facilement. Une désinscription claire et visible réduit le risque d’envoyer des e-mails à des personnes désintéressées, ce qui diminue la consommation d’énergie inutile.
4. La formation et la sensibilisation : diminuer son empreinte carbone numérique
Beaucoup ignorent l’empreinte carbone associée au numérique. La formation permet de mettre en lumière ces impacts et de comprendre pourquoi il est crucial de les réduire. Une fois les enjeux compris, les professionnels du marketing peuvent optimiser leurs campagnes en termes de ciblage, de fréquence ou de contenu pour éviter le gaspillage.
La sensibilisation permet à chaque membre de l’équipe de comprendre son rôle dans la réduction de l’empreinte carbone de l’entreprise. Les entreprises qui prônent la durabilité doivent s’assurer que leur communication est en adéquation avec ces principes, sous peine de perdre en crédibilité. En adoptant des pratiques plus vertes et en en parlant, les entreprises peuvent également encourager d’autres acteurs du secteur à suivre le mouvement. Cela passe par intégrer la durabilité dans le storytelling de la marque. Créer des campagnes de sensibilisation sur l’impact du numérique. Collaborer avec des partenaires et des influenceurs engagés pour amplifier le message.
Il existe par ailleurs de plus en plus d’outils et techniques pour mesurer l’efficacité et l’empreinte carbone des campagnes. Il est possible également d’interpréter les données pour identifier les domaines d’amélioration et établir des KPIs liés à la durabilité.
Sources :
Bourdon, Marie-Claude, (2023). « Un peu de sobriété numérique pour la planète », Actualité Uqam.
Brossas, Vincent, (2023). “ L’Éco-Conception de Site Internet : Principe et Axes Prioritaires à Privilégier”, leptitdigital.
Dufour, Thomas, (2019). « Moins de courriels, moins de carbone », La Presse.
Massé, Isabelle (2022). « Réduire l’empreinte carbone de la publicité en ligne », La presse.
Lafont, Jonathan, (2018). “ Les data centers : quand la face cachée d’Internet devient un problème public”, Echo Sciences Grenoble.
Passerini , Amanda, ( 2023). « Comment trouver des hébergements écologiques », Ecobnb.
Ropert, Pierre (2022). « Eau douce : sur neuf limites planétaires, six ont désormais été dépassées », Radio France.
Stricot, Matthieu, (2023). “Penser des datacenters moins énergivores”, Le journal de Montreal.
Venne, Jean-Francois (2023). « Un Québec à la traîne dans le numérique durable », Les affaires.