A la fois par curiosité, et dans l’idée aussi d’écrire ce blog, j’ai fait une enquête pour interroger mon entourage, des amis, des collègues, d’horizons divers, sur les habitudes ou activités qu’ils jugeaient les plus polluantes. Sans surprise, il s’avère que nous sommes tous prompts à pointer du doigt les suspects habituels – la surconsommation, le gaspillage textile, les compagnies aériennes et les énergies fossiles.
Cependant, tout au long de mon aventure d’éco-détective, pas un seul répondant n’a pensé au coupable furtif juste sous nos nez numériques : l’utilisation d’Internet ! Nos écrans n’émettent peut-être pas de fumée, mais à chaque clic, scroll et stream nous laissons une traînée de carbone infime mais significative.
Nous sommes reliés en permanence et sans nous en rendre compte à des centres de données gourmands en énergie, et totalement accros à des appareils énergivores que nous avons du mal à lâcher. Il est temps de reconnaître le poids environnemental invisible de la sphère numérique, et de construire un avenir plus vert peuplé de citoyens numériques plus responsables.
L’Impact Environnemental des Habitudes Internet en Chiffres
Chacune de nos activités en ligne a un coût modeste – quelques grammes de dioxyde de carbone sont émis pour faire fonctionner nos appareils. Moins évidents mais plus énergivores sont les centres de données nécessaires pour soutenir Internet qui nécessitent d’énormes quantités d’électricité, générées par des combustibles fossiles. Bien que l’énergie nécessaire pour une recherche ou un e-mail soit minime, avec 5,3 milliards d’utilisateurs, ces fragments d’énergie et les gaz à effet de serre associés s’accumulent très rapidement. Aussi, Avec le travail à distance et l’extraction intensive de crypto-monnaies ajoutant à la charge, l’activité numérique pourrait représenter 14 % des émissions mondiales de CO2 d’ici 2040, selon le Boston Consulting Group.
Calculons ensemble les emissions carbones de nos Emails !
Dans son excellent livre « How Bad are Bananas?: The Carbon Footprint of Everything » (2010), Mike Berners-Lee qui est le frère de Tim Berners-Lee, l’homme qui a inventé le World Wide Web, quantifie l’impact carbone d’activités mondaines du quotidien dont l’envoi d’emails.
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- Un email spam : 0.3 g CO2e
- Un email standard : 4 g CO2e
- Un email long avec une pièce jointe : 50 g CO2e
Cela peut ne pas sembler beaucoup initialement, mais lorsque nous prenons en compte le nombre d’e-mails envoyés et reçus, nous pouvons facilement nous rendre compte des proportions. Faisons le calcul ensemble !
Nos considérations de départ sont :
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- 334 Milliards d’emails échangés en 2022, (Statista, 2022)
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- Les messages indésirables ou SPAM représentaient 47,3 % du trafic des e-mails en septembre 2020. (Kaspersky Lab, 2020)
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- Par manque de données, nous allons considérer que nous échangeons en moyenne 1/3 de mails normaux et 2/3 de mails avec pièce jointe (source : panel de personnes interrogée pour le blog) ; respectivement, 35,2% et 17,5% du total emails échangés.
Il est bien entendu que cet exercice n’a pas vocation d’être précis a 100% mais je parie que vos e-mails ne semblent plus aussi insignifiants maintenant ?
Si je vous disais que l’Inde 3e pays le plus polluant au monde a émis 2.4 Milliards de tonnes de CO2 en 2022, ce chiffre de 3.4 Milliards de Tonnes prend tout son sens.
Si Internet était un pays, il polluerait plus que le 3e pays le plus polluant au monde ! Sachant que nous n’avons quantifier que l’impact des Emails et non de l’ensemble des activités web.
Des chiffres qui risquent de s’aggraver …
I- Internet est en train de devenir de plus en plus « gros ». Avec l’avènement de l’intelligence artificielle et l’automatisation de la création des contenus, sans parler de la proliferation des bots, il ne fait guère de doute qu’Internet continuera de croître en termes de taille, de portée et d’information.
II- La crypto-monnaie et en particulier les fermes de minages sont extrêmement polluantes car énergivores. Le réseau Bitcoin dépend fortement des énergies fossiles, avec une part de 67 % provenant du charbon. De 2020 à 2021, l’exploitation mondiale du BTC a émis plus de 85,89 millions de tonnes d’équivalent CO2. C’est l’équivalent des émissions de 190 centrales électriques au gaz naturel ou plus de 25 millions de tonnes de déchets. Pour compenser ces émissions, environ 3,9 milliards d’arbres devraient être plantés, nécessitant une superficie comparable à celle des Pays-Bas, de la Suisse ou du Danemark, soit 7 % de la forêt amazonienne.
III- Avec toutes les lois qui protègent la vie privée sur Internet, Loi 25 au Canada récemment, les Marketeurs devrons se replier sur des stratégies nouvelles pour mesurer, puis activer leurs audiences. Le risque ici, c’est qu’à moins d’être sensible aux impacts des actions sur le web :
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- L’email marketing va reprendre de l’ampleur, avec toutes les implications en termes d’émissions carbone que nous venons d’explorer.
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- Les contenus, notamment vidéos, vont proliférer de manière exponentielle pour être le plus personnalisé possible (facilités par l’IA); aggravant la consommation énergétique d’Internet.
… A moins d’un effort collectif Eco-citoyen!
Au niveau individuel, la tache peut sembler insurmontable et inefficace. Mais si nous rallions nos efforts en tant que citoyens numériques responsables, il existe des stratégies efficaces pour réduire notre impact environnemental.
Emails :
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- Réduisez la taille des e-mails en diminuant la résolution et en compressant les images, et évitez les éléments HTML volumineux.
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- Nettoyez et entretenez régulièrement vos listes de diffusion.
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- Supprimez les contacts qui se désabonnent et mettez à jour immédiatement les adresses e-mail modifiées.
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- Vérifiez attentivement vos e-mails avant de les envoyer pour vous assurer qu’ils contiennent toutes les informations nécessaires, afin d’éviter le besoin d’un e-mail de suivi.
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- Lien vers des fichiers ou des informations en ligne plutôt que d’ajouter une pièce jointe.
Vidéo et Streaming :
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- Optez pour des résolutions vidéo inférieures ou téléchargez du contenu lorsque cela est possible. Cela réduit la quantité de données transmises et la consommation d’énergie associée.
Stockage de donnés cloud :
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- Passez en revue régulièrement et nettoyez votre stockage sur le cloud pour conserver uniquement ce dont vous avez besoin. Cela réduit la charge sur les centres de données et diminue la consommation d’énergie.
Éliminez les déchets électroniques de manière responsable :
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- Lorsqu’il est temps de mettre à niveau vos appareils, recyclez les anciens appareils électroniques via des canaux réputés. Une élimination appropriée des déchets électroniques empêche que des matériaux dangereux n’entrent dans les décharges.
J’espère que ce blog a éclairé l’impact environnemental considérable de nos habitudes sur Internet. J’espère aussi qu’il vous a donné les moyens de faire des choix plus respectueux de l’environnement en ligne. Partagez ces informations et encouragez d’autres à se joindre à la cause. Ensemble, nous pouvons réduire l’empreinte carbone de l’ère numérique et léguer une planète plus saine aux générations futures.
Bibliographie
https://www.bcg.com/press/24june2021-telco-sector-game-changer-sustainability-shrinking-carbon-footprintshttps://www.bcg.com/publications/2021/building-sustainable-telecommunications-companies
https://datareportal.com/global-digital-overview
https://www.statista.com/statistics/456500/daily-number-of-e-mails-worldwide/
https://worldpopulationreview.com/country-rankings/co2-emissions-by-country
https://siteefy.com/how-many-websites-are-there/#How-Big-Is-the-Internet-Today