Le monde du marketing numérique connaît une rapide évolution, impulsée par de constants progrès technologiques. Parmi ces avancées, l’informatique quantique émerge en tant que technologie révolutionnaire attirant de plus en plus l’attention. Alors que cette technologie pousse les limites de ce que nous pensions réalisable en matière de calcul et d’optimisation, elle soulève également des interrogations quant à son impact potentiel sur le domaine du marketing numérique. Au cœur de cette réflexion, une question se pose : de quelle façon l’informatique quantique peut-elle révolutionner le marketing numérique ?
Qu’est-ce que l’informatique quantique?
Avant d’aborder l’impact de l’informatique quantique sur le marketing numérique, il est d’abord essentiel de comprendre les bases de cette avancée et ce qu’elle permet concrètement. Contrairement à l’informatique classique, qui utilise des bits pour traiter de l’information sous forme de 0 ou 1, l’informatique quantique utilise des qubits. Les qubits, soit les bits quantiques, peuvent simultanément représenter les valeurs 0 et 1, grâce à la « superposition », ce qui constitue une rupture fondamentale par rapport aux ordinateurs classiques. Cela permet le traitement simultané d’une multitude de valeurs, augmentant considérablement la capacité et la rapidité du traitement de l’information pour effectuer des opérations complexes. Ces qubits peuvent également être « intriqués » les uns aux autres, ce qui signifie que l’état d’un qubit peut influencer l’état d’un autre, même s’ils sont éloignés les uns des autres, ce qui permet des interactions et des calculs quantiques complexes dépassant les capacités des bits classiques.
Autrement dit, les qubits permettent d’effectuer des opérations quantiques plus rapidement, résoudre des problèmes plus complexes, et renforcer la sécurité des données en créant des systèmes cryptographiques plus avancés. Cela ouvre ainsi la voie à de nouvelles possibilités dans des domaines variés tels que la simulation, l’optimisation, la cryptographie, et bien plus encore. Plus un ordinateur quantique a de qubits, plus il est puissant ; Osprey, un ordinateur quantique d’IBM en détient 433.
Le saviez-vous ? À ce jour, l’ordinateur quantique Sycamore de Google peut accomplir en quelques secondes ce qui prendrait 47 ans au meilleur ordinateur classique au monde.
Quelles promesses pour le futur du marketing numérique ?
L’intégration de l’informatique quantique en marketing numérique présente une série d’avantages potentiels allant de l’accélération des analyses à la réduction de coûts d’opération.
Analyse de données
Tout d’abord, l’informatique quantique permettrait d’accélérer l’analyse de données en manipulant simultanément d’énormes volumes de données plus efficacement que les ordinateurs classiques, notamment pour la reconnaissance de modèles et leur capacité prédictives. En effet, l’une des principales forces des ordinateurs quantiques réside dans leur vitesse d’exécution, réduisant en quelques secondes les tâches prenant plusieurs semaines à effectuer. Cela ouvre la voie à des insights plus précis et immédiats pour les marketeurs, leur permettant ainsi d’adapter leurs stratégies de manière active et proactive.
Également, l’informatique quantique a le potentiel d’effectuer des simulations complexes et de générer des modèles prédictifs capables d’anticiper les comportements des consommateurs, les tendances émergentes du marché, la performance et l’impact environnemental potentiel de la mise en place d’une campagne publicitaire. Cela permet aux professionnels en marketing de prendre des décisions plus éclairées, les aidant à rester compétitifs sur le marché.
Optimisation des campagnes publicitaires
En matière de campagne publicitaire, l’informatique quantique a la capacité d’améliorer significativement l’efficacité, un objectif primordial pour les annonceurs. En effet, les ordinateurs quantiques permettent de résoudre efficacement des problèmes d’optimisation publicitaire en effectuant des analyses comportementales des consommateurs et des tendances du marché pour déterminer les paramètres optimaux pour atteindre efficacement les audiences cibles. Les algorithmes quantiques, tels que l’algorithme de Grover, facilitent la segmentation précise de l’audience et identifient les groupes les plus susceptibles de répondre à une offre, ce qui permet d’optimiser le ciblage, les enchères en temps réel et l’allocation des ressources publicitaires. À cet effet, le référencement (SEO) et le marketing payant sont deux domaines du marketing numérique pouvant immensément bénéficier de l’informatique quantique.
Personnalisation
En outre, l’informatique quantique représente un atout considérable pour la personnalisation des annonces publicitaires, grâce à sa capacité d’effectuer des analyses comportementales des consommateurs en temps réel, ce qui améliorerait l’efficacité des campagnes et optimiserait les chances de conversion. En effet, cette technologie a la capacité de transformer le parcours client en suggérant des offres et expériences utilisateur personnalisées, ajustées instantanément pour s’aligner sur les actions et préférences actuelles des utilisateurs via des algorithmes quantiques sophistiqués. Ils permettent la diffusion d’annonces ciblées, ce qui permet de créer un lien individuel avec chaque prospect influençant ainsi efficacement leur décision d’achat.
Optimisation des coûts
Enfin, il va de soi que l’optimisation des campagnes publicitaires est essentielle pour réduire les coûts en dépenses publicitaires en marketing numérique, tout en maximisant le retour sur investissement. Grâce à sa capacité de calculs inégalée, l’informatique quantique permettrait d’optimiser les campagnes publicitaires de manière plus efficace, entraînant des économies substantielles en termes de dépenses publicitaires, tout en améliorant leur impact global.
Quels sont les impacts sur le marché du travail en marketing numérique?
Pas d’inquiétude! Les marketeurs numériques ne seront pas remplacés par des machines, mais verront plutôt leur emploi évoluer avec les ordinateurs quantiques. L’informatique quantique pourrait même contribuer à une transition vers des pratiques de travail plus durables. En effet, les tâches informatiques actuellement exécutées sur les ordinateurs classiques sont notoirement énergivores, à tel point que le cycle de vie d’un algorithme peut émettre près de 284 000 kilogrammes de dioxyde de carbone, soit cinq fois plus que les émissions totales d’une voiture américaine moyenne, y compris sa fabrication. Ainsi, l’intégration des ordinateurs quantiques, que ce soit dans le domaine du marketing numérique ou ailleurs, pourrait avoir un impact environnemental positif en réduisant l’empreinte carbone découlant de la consommation énergétique liée aux tâches informatiques complexes étant donné qu’ils sont intrinsèquement plus efficaces. Tamar Eilam, chercheuse chez IBM, explique que cette efficacité accrue est le résultat d’une réduction du temps nécessaire pour effectuer les calculs, ce qui influe directement sur la quantité d’énergie consommée.
En plus de permettre l’optimisation et l’efficacité des processus et stratégies à tous les niveaux, l’usage de l’informatique quantique enrichirait l’approche marketing par une analyse et une compréhension plus granulaire des clients et permettrait aux marketeurs de se concentrer sur des tâches plus créatives et axées sur la relation client.
Toutefois, utiliser cette technologie exige des compétences spécifiques, nécessitant une formation supplémentaire ou une étroite collaboration avec des experts quantiques. Ceux prêts à se former pourront ainsi se distinguer en tant que professionnels polyvalents dans l’ère quantique du marketing.
Une révolution pour les entreprises, mais à quel prix?
Il convient toutefois de noter que des défis subsistent quant à son adoption, notamment le coût élevé de l’accès aux ordinateurs quantiques et la nécessité de compétences spécialisées, comme évoqué précédemment. En effet, les coûts d’acquisition de cet outil quantique sont estimés à 130,7 millions de dollars. Cela suggère initialement que seules les grandes entreprises auront l’opportunité d’avoir accès à cette technologie. Le gouvernement du Québec a, quant à lui, récemment acquis les droits d’usage du superordinateur quantique d’IBM, le Quantum System One, pour les cinq prochaines années, à un coût de 68 millions de dollars. Cette initiative gouvernementale, par le biais de PINQ2, une OBNL fondée par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, vise à rendre l’informatique quantique accessible aux entreprises québécoises en offrant des modèles tarifaires plus abordables, ce qui signifie que ce ne sont pas seulement les multinationales qui auront accès à cette technologie.
Pour le moment, les ordinateurs quantiques sont considérés comme des « gadgets » sans utilité pratique, car ils sont encore au stade expérimental. En attendant, l’objectif principal est d’identifier les types de problèmes pouvant être résolus efficacement par ces ordinateurs quantiques et de préparer les entreprises à l’adoption de cette technologie une fois qu’elle sera pleinement développée.
L’éco-bilan de l’informatique quantique ; que pense dame nature?
L’utilisation de l’informatique quantique comporte également des limites en raison de la nature des qubits, qui sont en réalité des atomes, intrinsèquement instables et sensibles aux perturbations thermiques et aux inférences environnementales pouvant entrainer des erreurs. Maintenir leur stabilité et ainsi réduire le taux d’erreur dans les opérations quantiques nécessite des systèmes de refroidissement composés de près de sept réfrigérateurs, permettant de maintenir une température de -272 °C, ce qui peut avoir des implications environnementales significatives. Ces systèmes entraîneraient une importante consommation d’énergie, contribuant ainsi aux émissions de gaz à effet de serre, sans parler des déchets que peuvent générer le remplacement et la maintenance de ces réfrigérateurs.
Si l’informatique quantique peut simuler l’impact environnemental d’opérations en marketing numérique, se pose alors la question de son propre bilan écologique.
Les premières études indiquent que la consommation énergétique globale des ordinateurs quantiques sera tout de même inférieure à celle des ordinateurs classiques. En effet, les scientifiques du Oak Ridge National Laboratory calculent que les ordinateurs quantiques ont le potentiel de réduire la consommation d’énergie de plus d’un million de kilowattheures. Bien que des études supplémentaires soient nécessaires pour confirmer ces chiffres dans un contexte d’utilisation réelle, l’empreinte environnementale des ordinateurs quantiques dépendra de nombreux facteurs comme leur taille, la consommation d’eau nécessaire, l’utilisation de matériaux renouvelables dans la fabrication des puces, etc.
Conclusion
Dans l’arène dynamique du marketing numérique, l’informatique quantique se profile comme une révolution potentielle, promettant d’optimiser les stratégies marketing actuelles par sa vitesse et son efficacité inégalées. Alors que son adoption se concrétise progressivement, elle pose des défis tout en offrant des perspectives innovantes, notamment en devenant un vecteur de solutions durables pour des enjeux cruciaux comme le changement climatique, la gestion environnementale et la consommation énergique. Des secteurs variés allant de la finance à l’agriculture, passant par la santé, l’astronomie ou encore l’ingénierie des matériaux, pourraient bénéficier des avancées majeures vers une gestion des ressources plus efficace et une réduction de l’empreinte carbone. Imaginez le futur où les simulations quantiques faciliteront la création de batteries plus performantes, de catalyseurs efficaces pour la capture de carbone ou encore des matériaux optimisés pour les cellules solaires et les éoliennes, réinventant ainsi notre approche envers la durabilité environnementale, et ce, bien au-delà des frontières du marketing numérique.
Sources
Bereau Adelise, A. (2023, April 2). L’informatique quantique : quelles promesses pour le marketing du futur? LinkedIn.
Genois Gagnon, J.-M. (2022, 2 février). L’ordinateur le plus puissant au Canada installé au Québec. Le Journal de Québec.
Henry, L., & Paiano, J. (2023, 10 juillet). L’ordinateur quantique de Google réduit à quelques secondes un calcul qui aurait pris 47 ans sur un superordinateur. Trust My Science.
https://trustmyscience.com/ordinateur-quantique-google-reduit-secondes-calcul-47-ans/
Plateforme d’innovation numérique et quantique du Québec (PINQ²). (2023, 23 janvier). La Plateforme d’innovation numérique et quantique du Québec ajoute à son offre de services les capacités de l’ordinateur quantique du Québec dont la conception et l’approche représentent une formule unique au monde à plusieurs niveaux. CISION .
Radio-Canada. (n.d). IBM inaugure à Bromont un nouvel ordinateur quantique. Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2012227/ordinateur-quantique-ibm-bromont-universite-sherbrooke
Touma, C.-A. (2023, 29 juin). L’ordinateur quantique pour les nuls : 4 notions pour tout comprendre. CScience.
https://www.cscience.ca/2023/06/29/lordinateur-quantique-pour-les-nuls-4-notions-pour-tout-comprendre/?gclid=CjwKCAjwkY2qBhBDEiwAoQXK5Uii6KG264GkxIepAfDXNlbPfC_-0RZom-U0LCQ5YPxtbRIkGqXLeRoCUEcQAvD_BwE