
En quelques clics, il est désormais possible d’acheter presque n’importe quoi, n’importe quand. Cette facilité d’accès a transformé nos habitudes de consommation, au point que l’achat en ligne est devenu un réflexe pour une grande partie de la population. Les chiffres sont impressionnants : des milliards de dollars dépensés chaque année, des promotions qui encouragent les achats impulsifs, et des géants comme Amazon qui s’imposent sur le marché.
Mais cette commodité à un prix. En effet, depuis l’essor du commerce en ligne, de nombreux enjeux ont fait surface: surconsommation, impact environnemental, disparition des commerces locaux et j’en passe. C’est à se demander si nous sommes réellement maîtres de nos choix ou si nous sommes seulement victimes des stratégies marketing qui deviennent de plus en plus féroces.
Pour mieux comprendre ces enjeux, explorons en profondeur ces problématiques et les solutions envisageables.
L’essor du commerce en ligne : une croissance fulgurante
Le commerce en ligne a vu le jour entre les années 2000 et 2010, et, depuis, sa croissance n’a cessé de croître. À titre d’exemple, en 2022, huit Canadiens sur dix effectuaient des achats en ligne (Statistique Canada, 2022) et cette tendance n’est pas près de ralentir. On prévoit, que d’ici 2026, les ventes en ligne devraient presque doubler, selon inventiv-it, une entreprise spécialisée dans la transformation digitale.
Une empreinte visible, mais bien réelle
Et si le commerce en ligne consommait plus d’énergie que vous ne l’imaginez ? En effet, la consommation d’énergie liée au commerce en ligne est estimée à plus de 500 térawatts-heures par an, soit l’équivalent de la consommation énergétique de la Suisse (Novatize, 2023). Un chiffre alarmant qui soulève des questions sur la durabilité de nos habitudes d’achat en ligne. Prenons l’exemple des équipements électroniques indispensables aux boutiques en ligne. Leur fabrication nécessite plus de 70 matériaux différents, dont 50 métaux. Parmi eux, le graphite est à 70 % importé de Chine. Mais à quel prix ? L’extraction de ce minerai repose sur des conditions de travail souvent déplorables et engendre une pollution massive : elle consomme d’énormes quantités d’eau et génère une quantité alarmante de déchets toxiques.
Avez-vous déjà imaginé où sont stockées toutes les données générées par vos achats en ligne ? Avec l’essor du commerce en ligne, des millions d’informations doivent être conservées dans des serveurs énergivores… Mais à quel coût pour l’environnement ? En effet, ces données doivent être stockées dans un centre de données et ce sont souvent de grands bâtiments avec de nombreux serveurs qui stockent l’information. On dénombre plus de trois millions de centres de données à travers le monde, et leur consommation énergétique dépasse les limites de l’imagination! La majorité d’entre eux sont alimentés par des énergies fossiles, notamment le charbon, accentuant ainsi leur impact environnemental.
Enfin, avez-vous déjà pensé au parcours qu’emprunte un produit acheté en ligne avant d’arriver entre vos mains ? La plupart du temps, il traverse des milliers de kilomètres, passant par plusieurs étapes de transport : cargos transocéaniques, camions de fret, centres de distribution, puis fourgonnettes de livraison. Chacune de ces étapes génère des émissions de CO₂, contribuant à une empreinte carbone bien plus importante qu’un simple achat en magasin. Alors, le commerce en ligne est-il aussi pratique et écologique qu’il y paraît ?
Les coûts cachés du commerce en ligne
Saviez-vous qu’un produit acheté en ligne génère plus de quatre fois la quantité d’emballage qu’un bien acheté en magasin (sqrd, 2024)? Vous êtes-vous déjà interrogé sur l’impact environnemental du suremballage ? Ces déchets entraînent un gaspillage considérable de ressources et contribuent aux émissions de gaz à effet de serre. Le plastique, le carton et d’autres matériaux utilisés pour protéger nos colis finissent souvent dans les décharges, où ils mettent des années à se décomposer, aggravant ainsi la pollution et l’impact environnemental global.
Combien de fois vous est-il déjà arrivé d’acheter un produit en ligne, pour finalement décider de le retourner? Saviez-vous que la plupart des entreprises encouragent les clients indécis à acheter un produit en leur offrant l’option de le retrouver facilement? En 2020, on estimait qu’entre 30 à 40% des achats effectués en ligne étaient retournés. Parmi ceux-ci, au moins 20% finissent dans les décharges (sqrd, 2024). Oui, des produits neufs en parfaite condition sont jetés. Chaque retour, chaque produit jeté contribue non seulement à l’accumulation de déchets, mais aussi à une empreinte écologique bien plus grande que ce que l’on imagine. Cela révèle un manque flagrant de responsabilité de la part des entreprises, qui, plutôt que d’encourager des choix réfléchis et responsables, favorisent une consommation impulsive et peu durable. N’est-il pas temps de repenser nos habitudes d’achat et de remettre en question la facilité avec laquelle nous consommons, souvent au détriment de la planète ?
Sur le plan sociétal, les réseaux sociaux et l’accessibilité des plateformes en ligne favorisent la surconsommation. En effet, 74 % des consommateurs affirment être influencés par les médias dans leurs décisions d’achat (Digital, 2024). Avez-vous déjà remarqué comment une simple publicité sur Instagram ou Facebook, mettant en avant un produit à prix réduit, peut éveiller un besoin que vous n’aviez même pas envisagé auparavant ? Vous vous sentez interpellé, vous vous laissez convaincre et, quelques minutes plus tard, vous avez passé une commande. Cet exemple illustre bien comment la facilité d’achat en ligne stimule la consommation. Contrairement aux magasins physiques, où l’achat nécessite un déplacement, les produits sont désormais accessibles en quelques clics, avec des options de livraison rapide qui renforcent encore cette tendance (marketing-management,2018).
L’influence des créateurs de contenu sur les réseaux sociaux est bien plus marquée et puissante qu’on ne le l’imagine. Prenez les célèbres vidéos de “unboxing” d’entreprises de mode éphémère, comme Shein montre des influenceurs déballant des dizaines de produits qu’ils essaient, bien qu’ils sachent que la plupart seront retournés. Ces vidéos créent une illusion de consommation facile et sans conséquence. Mais avez-vous déjà réfléchi à l’impact que cette forme de consommation influencée par les créateurs de contenu peut avoir sur vos propres choix d’achat?
Comment consommateurs et entreprises peuvent agir pour un futur plus responsable ?
Avec la publicité omniprésente et les achats en ligne facilités, il est important de consommer plus consciemment. Voici quelques conseils pour aider les consommateurs à mieux résister aux influences marketing et à faire des choix plus responsables.
- Limiter son exposition à la publicité.
– Refuser les témoins lors de la visite d’un site web pour limiter l’usage de vos données personnelles et réduire les publicités ciblées.
– Installer un bloqueur de publicités sur vos appareils pour diminuer l’impact des publicités en ligne et limiter les achats impulsifs.
– Réfléchissez aux comptes que vous suivez sur les réseaux sociaux. Évalue l’influence qu’ils exercent sur vos décisions d’achat et, si nécessaire, désabonnez-vous des comptes qui génèrent une pression à la consommation.
- Avoir un œil critique
– Effectuez des recherches sur des sites fiables.
– Demandez-vous si vous en avez vraiment besoin.
Une excellente lecture que je peux vous conseiller à ce sujet est “En as-tu vraiment besoin ?” de Pierre-Yves McSween
3. Choisir les bonnes entreprises
· Choisissez des entreprises responsables et locales.
· Optez pour des produits de meilleure qualité pour éviter les achats récurrents.
· Priorisez les produits durables pour éviter la surconsommation.
· Dirigez votre attention vers les entreprises qui s’efforcent de bien faire.
Une grande partie de la solution réside en nous, les consommateurs. Le pouvoir d’achat que nous avons est immense et, si nous dirigeons notre attention vers des compagnies qui s’efforcent de bien faire les choses, celles qui négligent leur impact finiront par disparaître progressivement.
Si vous avez une entreprise ou vous faites partie d’une organisation qui valorise votre opinion, voici quelques pistes de solution afin de faire partie, vous aussi, de la solution.
Offrir des produits:
– De qualité
– Durable
– Écologique
– Réutilisable si possible
The Unscented Company est un excellent exemple d’entreprise qui met en valeur des produits réutilisables et écologiques, comme les recharges de savon dans un emballage biodégradable. Les entreprises devraient elles aussi repenser leurs produits afin d’intégrer des options réutilisables et ainsi réduire les déchets.
– Fournir des informations très détaillées pour éviter les retours inutiles
– Établir une politique pour prévenir les commandes excessives
– Privilégier la qualité plutôt que la quantité pour le contenu des réseaux sociaux
– Offrir des garanties, des options de réparation.
Je dois dire que j’ai moi-même un avis controversé par rapport aux entreprises et à leur devoir d’être responsables. En effet, je comprends que le “vrai” but premier d’une organisation est de faire du profit. Cependant, au fil de ma carrière au sein de grandes organisations et de mon parcours scolaire, j’ai réalisé qu’il y a quelque chose de plus grand que l’argent. La plupart des entreprises se concentrent sur le présent, notamment sur les revenus qu’elles génèrent aujourd’hui. Pourtant, je pense qu’il faut adopter une vision à long terme, axée sur l’impact futur. J’invite donc les entreprises à se poser la question : “Quel impact voulons-nous laisser sur la planète ?” Souhaitez-vous contribuer à l’accélération des changements climatiques, ou préférez-vous jouer un rôle dans une cause plus grande que nous, en ayant un impact positif sur la santé de la Terre et de sa population ?
Afin d’avoir une meilleure compréhension des achats en ligne, vous êtes invité à visionner la vidéo suivante:
Le Web analytique : Un atout pour promouvoir un commerce en ligne plus responsable
Il est évident que le commerce en ligne n’est pas près de disparaître. Comment le web analytique peut aider les entreprises à être plus responsables?
1. La compréhension de la clientèle peut aider les entreprises à faire de la personnalisation éthique. Concrètement, cela implique de cibler les consommateurs ayant des besoins réels en leur recommandant des produits durables.
2. L’analyse des réseaux sociaux permet de déterminer quel type de contenu est le plus apprécié, afin de créer des publications éducatives sur la consommation responsable, tout en veillant à ce qu’elles atteignent un large public.
3. Les outils d’analyse peuvent aider à mesurer l’impact des initiatives durables mises en place par les entreprises. En suivant l’engagement des utilisateurs vis-à-vis des différentes actions en matière de durabilité, les entreprises peuvent ajuster leurs stratégies pour maximiser leur efficacité.
4. L’utilisation des outils d’analyse permet également une segmentation plus fine des consommateurs potentiellement intéressés par votre marque. Cette approche évite le recours à un marketing de masse qui pourrait inciter à la surconsommation, favorisant ainsi des choix plus ciblés et responsables.
Le web analytique peut être utilisé de manière à favoriser des pratiques plus éthiques et responsables tout en alignant leurs stratégies de vente en ligne.
En somme, chacun de nous a un rôle à jouer pour encourager des pratiques plus responsables dans le commerce en ligne. Que ce soit en adoptant une consommation plus consciente, en soutenant des entreprises éthiques ou en modifiant nos habitudes d’achat, chaque geste compte. Et vous, êtes-vous prêt à poser des actions concrètes pour contrer les effets néfastes du commerce en ligne et adopter des pratiques plus durables? Ensemble, nous pouvons créer un impact positif et faire une réelle différence pour l’avenir.
Autres sources:
« La surconsommation causée par les réseaux sociaux : quels sont les impacts ? », dans Blogue de HEC Montréal, Montréal, HEC Montréal. Disponible à l’adresse : https://digital.hec.ca/blog/la-surconsommation-causee-par-les-reseaux-sociaux-quels-sont-les-impacts/.
« Les achats en ligne », dans Société Québécoise de Recherche en Développement (SQRD), Montréal, SQRD. Disponible à l’adresse : https://sqrd.org/achats-en-ligne/.
« Est-il plus écologique de magasiner en ligne ou en magasin ? », dans Protégez-Vous.ca, Montréal, Protégez-Vous. Disponible à l’adresse : https://www.protegez-vous.ca/argent/est-il-plus-ecologique-de-magasiner-en-ligne-ou-en-magasin.
« Achats en ligne au Québec en 2020 », dans Institut de la statistique du Québec, Québec, Gouvernement du Québec. Disponible à l’adresse : https://statistique.quebec.ca/fr/document/achats-en-ligne-quebec-2020.
« Le coût environnemental du magasinage en ligne », dans Fondation David Suzuki, Vancouver, Fondation David Suzuki. Disponible à l’adresse : https://fr.davidsuzuki.org/mode-de-vie/le-cout-environnemental-du-magasinage-en-ligne/.
« L’impact caché de nos achats en ligne », dans La Presse, Montréal, La Presse. Disponible à l’adresse : https://www.lapresse.ca/contexte/2022-09-11/l-impact-cache-de-nos-achats-en-ligne.php.