« Despote conquérant, le progrès technique ne souffre pas l’arrêt. Tout ralentissement équivalant à un recul, l’humanité est condamnée au progrès à perpétuité. »
– Albert Sauvy, économiste et démographe français, 1898-1990
« Pour que la loi du progrès existât, il faudrait que chacun voulût la créer ; c’est-à-dire que, quand tous les individus s’appliqueront à progresser, alors, l’humanité sera en progrès »
Charles Baudelaire, poète français, 1821-1867
Dans un contexte marqué par l’urgence climatique et la transformation numérique des économies, la compatibilité entre innovation technologique et sobriété numérique prend une importance stratégique, autant pour les gouvernements que pour les entreprises. Le Québec, qui accuse un retard de productivité par rapport à ses concurrents commerciaux, tente de rattraper ce retard par des stratégies d’innovation et de numérisation intensives.
Or, plusieurs experts sonnent l’alarme et appellent à une prise de position mesurée par rapport face au numérique. Adoptant une perspective de développement durable, ceux-ci questionnent les promesses de durabilité qu’offre le numérique en soulignant les effets pervers de l’obsolescence et du progrès technologiques à outrance.
Notre société peut-elle réellement progresser sans alourdir son empreinte environnementale? L’expansion des usages du numériques est-elle compatible avec nos objectifs provinciaux de développement durable? Enfin, quel rôle peut jouer le Gouvernement du Québec pour balancer nos besoins économiques et environnementaux?
L’innovation : moteur du progrès économique
Le Québec accuse un retard de productivité qui freine la croissance du niveau de vie, limite la capacité de l’État à financer les services publics et rend son économie plus vulnérable aux chocs économiques et commerciaux (Deslauniers, Gagné, & Paré, 2024). En 2023, la province affichait un PIB par habitant inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE d’environs 16 000 $, illustrant un déficit de richesse collective (Venne, 2024). Le vieillissement démographique et la rareté de la main-d’œuvre rendent impossible une croissance économique par l’augmentation du nombre d’heures travaillées. Améliorer notre productivité devient donc le principal levier disponible.
Dans ce contexte, l’innovation, définie comme « un processus visant à améliorer ou transformer des produits, services ou processus afin de générer de la valeur pour une organisation » (McKinsey & Company, 2022), est perçue comme un moteur central pour stimuler les gains d’efficacité. Particulièrement, l’innovation numérique est un levier essentiel de la compétitivité et de la prospérité économique; elle permet d’automatiser des processus, d’optimiser les chaînes d’approvisionnement et d’ouvrir de nouveaux marchés. Selon le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal, le Québec devra impérativement moderniser ses entreprises à l’aide du numérique s’il veut espérer combler son écart de productivité (Deslauniers, Gagné, & Paré, 2024).
Les entreprises québécois semblent convaincus et emboîtent le pas : plus de 70 % d’entre elles envisagent d’augmenter leurs investissements numériques dans les prochaines années, notamment en intelligence artificielle (45 %), infonuagique (40 %) et IoT/5G (30 %) (Léger, 2024).
Toutefois, l’innovation perçue seulement dans une logique d’affaires et de productivité, à la croissance des profits et à la conquête de nouveaux marchés, risque d’avoir un impact lourd environnemental. Une minorité des entreprises québécoises se sentent disposer des compétences nécessaires et des ressources monétaires pour assurer une numérisation sobre et écologique (Léger, 2024), et à peine 17% considèrent l’impact environnemental comme une priorité dans leur effort de numérisation (Conseil de l’innovation du Québec, 2024).
L’impact du numérique sur l’environnement et la société
Le numérique représente aujourd’hui entre 3 et 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit plus que l’aviation civile. Cette proportion pourrait doubler d’ici 2050 si les tendances actuelles se maintiennent. En 2021, le secteur des technologies de l’information consommait environ 10 % de l’électricité mondiale, et cette proportion augmente de 8 à 10 % chaque année. L’extraction de métaux rares, l’obsolescence programmée, la fabrication de terminaux connectés et la consommation énergétique des centres de données posent des défis environnementaux majeurs. (The Shift Project, 2025).
La numérisation des entreprises, encouragée par des subventions et crédits d’impôts, repose sur un pari technologique : celui que les gains d’efficacité permettront de compenser les impacts environnementaux. Or, plusieurs experts dénoncent un « effet rebond » : les gains d’efficacité se traduisent souvent par une hausse des usages, annulant les bénéfices espérés (Roussilhe, 2021) (Roussilhe, Ligozat, & Quinton, 2023). Par exemple, la généralisation du télétravail a réduit les déplacements, mais entraîné une hausse de la consommation énergétique résidentielle, de l’équipement informatique, et des services en ligne. Un rapport du Conseil de l’innovation du Québec sur le numérique responsable met en garde contre cette logique d’optimisation sans régulation (Conseil de l’innovation du Québec, 2024).
Par ailleurs, les même experts nous mettent en garde contre les promesses souvent émises par les entreprises faisant la promotions de ces service numériques. Selon les plus récentes études sur le sujet, il n’existerait pas de lien directe et évident entre la numérisation de nos société et la réduction de gaz à effet de serre (Roussilhe, Ligozat, & Quinton, 2023)
À l’international, des initiatives telles que la Coalition for Digital Environmental Sustainability (CODES) propose des plans d’action pour faire converger durabilité et innovation numérique, avec des cas d’usage concrets (Coalition for Digital Environmental Sustainability (CODES), 2022). La majorité des cas mis de l’avant ont en commun l’utilisation du numérique afin de délivrer des services essentiels aux populations locales : énergie, soins de santé et éducation, ses secteurs, une fois démocratisés, sont de puissants leviers permettant l’atteinte de société équitable (Commission de l’éthique en science et en technologie (CEST), 2024). Dans ces cas, le numérique est un levier de justice sociale, et non un simple produit de consommation. À l’inverse, la multiplication de gadgets connectés et de services numériques peu essentiels alimente la surconsommation peu compatible avec les limites planétaires.
Si le numérique offre des possibilités uniques pour optimiser les systèmes et renforcer l’efficacité économique, son développement exponentiel soulève aussi de sérieux enjeux de durabilité. Quel posture doit donc être prise face à l’innovation numérique?
L’innovation durable et le rôle de l’État Québécois
Deux rôles à jouer : Régulateur et catalyste
Le Québec s’est doté d’une stratégie gouvernementale de développement durable et d’une feuille de route afin de coordonner les activités des ministères. (Bureau de la coordination du développement durable du MELCCFP, 2023). Dans ce document, Québec identifie un Chantier pour une transformation numérique responsable arrivant à échéance le 31 mars 2026. Associé à ce chantier, on associe un objectif simple : apporter un éclairage sur la marche à suivre au Québec en termes de numérique durable. Ce chantier doit supporter les objectifs globaux de la stratégie, notamment pour la réalisation de l’Orientation 1, soit « Faire du Québec un pôle d’innovation et d’excellence en matière d’économie verte et responsable ».
À cet effet, la stratégie économique Québécoise se traduit dans des politiques publiques mettant de l’avant l’innovation technologique. Le plus récent rapport d’activité d’Investissement Québec témoigne de cette orientation du gouvernement pour supporter l’intégration massive du numérique dans notre entreprise. Plusieurs programmes provinciaux sont explicitement conçus pour accélérer la modernisation technologique, encourager la R&D, et stimuler la transformation numérique des entreprises, en misant sur l’adoption rapide de technologies émergentes (Investissement Québec, 2025). Ils visent ainsi à combler le retard de productivité du Québec en outillant les entreprises à répondre aux exigences des marchés mondiaux et à améliorer leur efficacité opérationnelle.
Depuis 2020 seulement, plus de 3,6 milliards de dollars ont été investis par Investissement Québec dans des projets de transformation numérique, de robotisation et de numérisation (Investissement Québec, 2025). Une partie de ces sommes sont, selon le Gouvernement Québécois, alignés avec les objectifs de développements durables (ODD) de la province. À titre d’exemple, en 2024, le gouvernement prévoyait allouer plus de 850 millions de dollars supplémentaires pour soutenir l’innovation, notamment dans les secteurs stratégiques comme l’électrification des transports, la filière batterie et l’intelligence artificielle (Bureau de la coordination du développement durable du MELCCFP, 2023), secteurs ayant une forte dépendance au numérique.
On observe ici un non-sens dans le discours politique : d’une part, notre stratégie de développement durable mentionne la nécessité de prendre position et tracer une marche à suivre pour le numérique responsable. D’autres part, il semblerait que notre transformation numérique soit déjà entamée… encouragée par le gouvernement lui-même! Cette situation est déjà problématique pour nos ambitions climatiques : le Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable (CIRODD) soulignait déjà ce problème en indiquant le manque de suivi environnemental dans les projets technologiques soutenus par l’État (Genois-Lefrançois, Lardja, Lefèvre, & Magalas, 2021).
La baromètre de l’innovation – Un outil à perfectionner
Le Baromètre de l’innovation du Québec (BIQ) est un outil central de la stratégie du gouvernement pour le suivi de la performance de l’innovation (Conseil de l’innovation du Québec, 2025). Intégrant plusieurs indicateurs de performance en éducation et en économie, le BIQ intègre très peu d’indicateurs de durabilité. On y retrouve l’utilisation de « technologies propres » par nos entreprises, dont la définition demeure floue. On parle de « technologies propres » lorsqu’une technologie mesure, prévient, limite ou corrige les atteintes à l’environnement ou portant moins atteinte à l’environnement que leurs contreparties du marchés (Bureau de la coordination du développement durable du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et de Parcs (MELCCFP), 2023). Ici, on ne questionne pas l’usage ou la nécessité d’intégrer cette technologie pour remplir un besoin spécifique.
Vers une innovation sobre et un numérique responsable
Repenser les usages et les finalités
La sobriété numérique est définie comme un usage raisonné et modéré des technologies numériques afin de réduire leur empreinte écologique. Cette approche est soutenue par la Commission de l’éthique en science et en technologie (CEST), qui recommande que la sobriété devienne un principe structurant des politiques publiques en matière de numérique (Commission de l’éthique en science et en technologie (CEST), 2024).
Il s’agit de réévaluer les finalités de l’innovation. Une solution technologique doit-elle être adoptée parce qu’elle est disponible, ou parce qu’elle améliore concrètement la qualité de vie tout en respectant les limites planétaires ? Cette approche invite aussi à remettre en cause certains dogmes industriels comme l’obsolescence programmée ou la « course à la performance » technologique.
L’innovation frugale comme alternative
Selon Prabhu, l’innovation frugale vise à faire mieux avec moins : concevoir des produits simples, robustes, accessibles et peu gourmands en ressources (Prabhu, 2017). Cette approche est de plus en plus étudiée dans les pays développés, notamment dans les secteurs des technologies médicales, de l’agriculture ou de la mobilité durable. Elle invite à repenser non seulement les produits, mais aussi les modèles économiques, On y valorise l’économie circulaire, la durabilité, la modularité et la réparabilité pour réduire les déchets électroniques et la consommation énergétique.
Les exemples tirés du CODES mentionné plus hauts sont tous des exemples d’innovation frugale : dans des contextes de ressources limitées et de disparité de richesses, les modèles d’affaires et technologiques doivent être adaptés pour répondre aux besoins des utilisateurs et générer de la valeur (Coalition for Digital Environmental Sustainability (CODES), 2022).
Prabhu est explicite sur ce point : l’innovation frugale force à questionner et redéfinir le besoin de l’utilisateur ainsi que l’offre proposer par le fournisseur (Prabhu, 2017) . Cette philosophie responsabilise tout les acteurs impliqués dans le développement et l’usage de produits ou de services, et s’accordent aux recommandations d’experts quant à l’encadrement nécessaire du numérique au Québec. (Commission de l’éthique en science et en technologie (CEST), 2024).
Le rôle clé de l’État
L’État peut orienter l’innovation vers la durabilité en adaptant ses incitatifs, en intégrant des critères de sobriété et de frugalité dans ses programmes, et en favorisant un terrain de jeu équitable pour les PME face aux multinationales. Plusieurs leviers sont possibles pour concrétiser cette réalité. Par exemple:
- La bonification des crédits d’impôt aux innovations permettant la création de technologies propres (low-tech, frugales, circulaires).
- L’inclusion de critères d’éco-conception pour l’admissibilité aux programmes de financement provinciaux en matière d’innovation et de numérisation.
- La bonification des indicateurs de performance du Baromètre de l’innovation pour y intégrer l’évaluation des usages et l’atteinte des objectifs de développement durable objectifs absolue du gouvernement (et pas seulement des taux d’adoption technologique ou des indicateurs relatifs)
- Un encadrement plus strict des types d’innovation numérique pouvant être mis sur le marché québécois, notamment les innovations axées encouragent la surconsommation
Conclusion : choisir une trajectoire d’avenir
Le Québec se trouve à la croisée des chemins. Accusant un retard de productivité, la numérisation en entreprise et l’innovation numérique sont des leviers de prospérité qui ne peuvent être ignorer pour garantir sa force économique. Toutefois, une croissance numérique non régulée risque de compromettre ses objectifs climatiques, notamment ceux inscrits dans la Stratégie gouvernementale de développement durable 2023–2028 [10].
L’adoption d’une politique d’innovation plus responsable et orientée vers la sobriété pourrait faire du Québec un leader du numérique responsable à l’échelle internationale. Cela nécessite toutefois une transformation de nos priorités, une révision de nos politiques provinciales en matière de soutien à l’innovation, en plus d’une volonté collective de nos entreprise. L’innovation doit redevenir un outil au service des besoins de la société, et non une fin. Ce changement de paradigme implique de revoir les narratifs dominants sur le progrès, trop souvent synonyme du “progrès technique” dans notre société
Nous aurons, via notre gouvernement, à encourager des trajectoires sobres et frugale. Le numérique propre n’existe peut-être pas, alors assurons-nous d’un numérique qui, dans la moindre des mesures, en vaut la peine.
Bibliographie
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