Avez-vous déjà entendu parler du groupe the Velvet Sundown? Et pourtant, ils ont généré plus d’un million de Stream sur Spotify en quelques semaines. Le plus étonnant dans tout ça, est qu’il ne s’agit pas d’un vrai groupe. C’est une création 100% produite par Intelligence Artificielle, et ils ne sont pas leur seul sur les plateformes telle que Spotify. Ce phénomène devient de plus en plus fréquent, et change radicalement notre rapport à la musique. Qu’il s’agisse de morceaux, ou d’artistes musicaux, de plus en plus sont intégralement généré par des Intelligence Artificielle (IA). Comment Spotify et IA ensemble, altérent-ils notre rapport à la musique?

La génération par IA
La plateforme Deezer estime qu’il y a plus de 20 000 nouveaux morceaux générés et mis en ligne chaque jour par des outils d’intelligence artificielle. L’avancement rapide de la technologie rend aujourd’hui possible la création musicale à domicile, sans connaissances techniques précises.
Spotify et IA : un évolution qui pénalise les artistes
Lorsqu’un artiste crée une œuvre, il est généralement accompagné par des compositeurs, des producteurs ou un label, afin de respecter les droits de diffusion, les droits d’auteur et l’indexation de sa musique. Or, dans le cas de créations générées par IA, qu’il s’agisse de morceaux ou même d’artistes fictifs, il n’existe aucun moyen d’identifier ou de contacter les personnes à l’origine de ces profils. Cela soulève des interrogations sur la rémunération, la légitimité de ces « créateurs » et remet en question le pouvoir de découvrabilité des vrais artistes.
Des titres générés par IA, ou des « faux artistes », peuvent ainsi faire de l’ombre à de véritables groupes dans les playlists automatiques ou les radios Spotify, qui sont elles-mêmes créées par des algorithmes de machine learning. Il devient alors plus difficile pour les artistes légitimes d’émerger dans les recommandations proposées aux utilisateurs.
Le positionnement de Spotify
Si Spotify soutient que « la musique a toujours évolué avec la technologie », de nombreux artistes ne partagent pas cet avis. En signe de protestation contre le PDG de Spotify, Daniel Ek, plusieurs groupes et musiciens, tels que Massive Attack ou Godspeed You! Black Emperor, ont décidé de quitter la plateforme. Mais que signifie ce retrait pour les utilisateurs ? Et pour les artistes ?
Bien que l’apparition de l’IA sur Spotify présente certains avantages pour les utilisateurs, comme la facilité de découverte de nouvelles musiques ou l’accessibilité de l’application, elle comporte aussi des effets négatifs. Parmi ceux-ci : une diminution du nombre d’artistes disponibles, une redondance accrue dans les playlists automatiques et une uniformisation des recommandations.
L’usage de l’intelligence artificielle soulève également des questions sur la protection des données personnelles et la sécurité des informations confidentielles des utilisateurs, ce qui pourrait amener ces derniers à s’interroger sur l’utilisation réelle de leurs données. On observe petit à petit un changement dans notre rapport avec la musique.
Les petits artistes pénalisés par l’IA
Pour les groupes et artistes, le phénomène se traduit par une perte de visibilité, de reconnaissance et surtout de revenus. Les artistes indépendants, contrairement aux grandes figures comme Neil Young ou Joni Mitchell, ne peuvent pas toujours se permettre de se retirer de Spotify. Selon Billboard, ces artistes renommés peuvent se passer de la plateforme, qui ne représente qu’environ 10 % de leurs revenus.
D’après Radio-Canada, Spotify verse en moyenne entre 3,8 $ et 6,4 $ canadiens pour 1 000 écoutes d’un morceau. Or, avec plus de 381 millions d’utilisateurs en 2022, cette somme, bien que faible à l’unité, représente un revenu non négligeable pour les artistes présents sur la plateforme. Pour autant, si les artistes semblent mécontents qu’en est-il du positionnement de Spotify?
Les régulations de Spotify pour contrer l’usage de l’IA dans la musique
En réponse aux multiples critiques et attaques auxquelles elle fait face, la plateforme de streaming Spotify a annoncé la mise en place de trois axes de concentration pour réduire l’impact négatif de l’intelligence artificielle :
- Un renforcement de la lutte contre les usurpations d’identité ;
- Un nouveau système de filtrage du contenu indésirable (spam) ;
- Une plus grande transparence sur l’usage de l’IA grâce à des crédits musicaux normalisés.
Concrètement, cela implique de mettre davantage en avant l’utilisation de l’IA dans la création musicale, notamment en affichant un label “IA” sur chaque morceau ayant été partiellement ou totalement généré par une intelligence artificielle. Le problème de cette mesure est qu’elle repose sur la bonne volonté des artistes, libres de choisir s’ils souhaitent ou non indiquer cette mention.
Pour autant, Spotify affirme avoir retiré plus de 75 millions de morceaux “indésirables” de ses listes d’écoute (Spotify, 2025). La plateforme a également lancé un partenariat avec le développeur DDEX, un organisme à but non lucratif dont l’objectif est de rendre la chaîne de valeur de la musique numérique plus automatisée et fiable grâce à des normes de métadonnées.
Ce partenariat vise à mettre en œuvre un nouveau standard de transparence concernant l’usage de l’IA dans les crédits musicaux, permettant ainsi aux artistes de justifier l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le processus de création de leurs œuvres.
Spotify et IA : un positionnement contrevesé
La mise en place de ces nouveaux systèmes et régulations constitue une tentative de valoriser les artistes qui utilisent l’IA de manière responsable. Cependant, il n’existe pas encore de mécanisme clair. rien ne permet de distinguer une utilisation éthique de l’IA, d’un usage abusif ou purement automatisé. On peut donc s’interroger sur les motivations de Spotify, qui affiche pourtant de vouloir « libérer le potentiel de la créativité humaine ». Les artistes et la culture sont-ils vraiment mis au premier plan de ses motivations?
La compagnie affirme vouloir défendre l’expression créative des artistes tout en luttant contre les abus, les « fermes de contenus » et les auteurs malveillants — mais la frontière entre innovation et dérive reste encore floue
Our mission is to unlock the potential of human creativity—by giving a million creative artists the opportunity to live off their art and billions of fans the opportunity to enjoy and be inspired by it. » (Spotify, 2025)
Conclusion
L’avancement technologique va ici plus vite que la musique, sans mauvais jeu de mot, et ne permet pas aux artistes honnêtes dans leur travail de ce faire correctement reconnaitre, même si les plateformes telles que Spotify, tentent de se mettre à niveau. C’est un combat collectif qui doit mené, non seulement pour les artistes et la défense de leurs droits, mais aussi pour les utilisateurs qui ont entre leurs mains le pouvoir de faire reconnaitre un travail honnête et de savoir reconnaitre qu’un groupe tel que The Velvet Sundown est en réalité une construction d’intelligence artificielle.
FAQ
Rien ne vaux l’authencité d’une émotion qui se reflétent dans un morceau de musique, mais il se peut que differencier le travail d’un artiste, de l’IA, devienne de plus en plus compliqué.
Oui, Spotify a récemment mis en place un outil permettant de labéliser les morceaux partiellement ou totalement générés par IA. Cependant, cette labélisation dépend de la bonne volonté de l’artiste, aucun control strict n’a été mis en place pour le moment.
Les créations “humaines” restent protégées, mais la question de propriété intellectuelle est mise à l’avant avec la génération de morceaux avec IA.
– Filtrage des morceaux “spam” ou indésirables
– Partenariat avec DDEX pour établir un standard de transparence sur l’usage de l’IA dans les crédits musicaux
– Retrait de millions de morceaux jugés problématiques
Si vous avez aimé cet article, je vous propose de lire celui-ci sur le Rôle de l’IA et du Machine Learning dans le Marketing Digital.
Références
- DDEX, https://ddex.net/about-ddex/purpose/
- Deezer, Deezer déploie un outil de pointe dans la détection de musique générée par IA pour le streaming musical, 24 janvier 2025, https://newsroom-deezer.com/fr/2025/01/deezer-deploie-un-outil-de-pointe-dans-la-detection-de-musique-generee-par-ia-2/
- Le Monde, Florian Reynaud, Comment les faux groupes générés par IA déferlent sur la musique, de YouTube à Spotify, 3 aout 2025, https://www.lemonde.fr/pixels/article/2025/08/03/comment-les-faux-groupes-generes-par-ia-deferlent-sur-la-musique-de-youtube-a-spotify_6626385_4408996.html
- Pitchfork, Kieran press-Reynolds, Spotify’s New Policy Won’t Stop the Wave of AI Slop, 2 octobre 2025, https://pitchfork.com/thepitch/spotifys-new-policy-wont-stop-the-wave-of-ai-slop/
- Radio-Canada, Agence France Presse, Spotify, un « mal nécessaire » pour des artistes qui veulent se faire découvrir , 2 février 2022, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1859152/spotify-mal-necessaire-artistes-releve-analyse
- Spotify, https://investors.spotify.com/home/default.aspx
- Spotify, Spotify renforce la protection des artistes et des producteurs face à l’IA, 25 Septembre 2025, https://newsroom.spotify.com/2025-09-25/spotify-renforce-la-protection-des-artistes-et-des-producteurs-face-a-lia/
- The Guardian, Lanre Bakare, An AI-generated band got 1m plays on Spotify. Now music insiders say listeners should be warned, 14 juillet 2025, https://www.theguardian.com/technology/2025/jul/14/an-ai-generated-band-got-1m-plays-on-spotify-now-music-insiders-say-listeners-should-be-warned?utm_source=chatgpt.com
