De nos jours, rares sont ceux qui n’ont jamais entendu parler du sémaglutide, mieux connu sous le nom d’Ozempic, conçu pour traiter le diabète de type 2. Ce médicament, présenté comme une solution miracle pour perdre du poids, a connu une popularité grandissante sur les médias sociaux tels que Tiktok et Instagram. De nombreux influenceurs, tels que Amy Schumer et Sharon Osbourne, en parlent publiquement, apportant ainsi un engouement autour de ce «médicament tendance». Par contre, la promotion d’Ozempic pour la perte de poids sur les réseaux sociaux ne fait pas l’unanimité. La question se pose: promouvoir un médicament sur les réseaux sociaux, est-ce vraiment une bonne chose? Dans ce texte, nous verrons comment la promotion du médicament Ozempic par des influenceurs peut sembler positive à première vue, mais comporte de nombreux risques.
Une nouvelle forme de sensibilisation en santé

Vivre dans une ère d’hyperconnectivité comme celle d’aujourd’hui implique que les standards de beauté et l’insatisfaction corporelle sont des sujets omniprésents sur les réseaux sociaux. L’image de la femme ou de l’homme mince et sans défaut reste, malheureusement, bien présente dans l’esprit des gens et demeure pour plusieurs un objectif à atteindre. C’est dans ce climat que plusieurs influenceurs trouvent une opportunité de parler de santé et, par de fait même, de minceur. Leur propos, leur train de vie ou même leur influence captent l’attention du public en quête de bien-être et de compréhension.
Une plus grande accessibilité, une démocratisation et un soutien émotionnel
Avec le temps, les influenceurs sur les réseaux sociaux sont devenus une source principale d’information en matière de santé, principalement chez les jeunes. Ils rompent le silence et les tabous en parlant ouvertement de poids et de santé mentale, ainsi qu’en partageant des photos ou des vidéos d’eux. Contrairement au langage médical, qui peut être complexe, les influenceurs utilisent plutôt un langage familier, des visuels qui aident la compréhension et des témoignages concrets.
Ceux qui voient passer ce type de contenu ou qui suivent de près ces influenceurs peuvent se sentir rassurés, soutenus et compris. Des communautés en ligne autour d’influenceurs qui font la promotion de la santé naissent tous les jours. Cela favorise l’entraide et le partage d’informations. Cependant, cette influence grandissante, qui semble à première vue bienveillante, n’est pas sans conséquences.
La face sombre de la promotion

Un manque flagrant d’information
Faire la promotion d’un médicament comme Ozempic sur les réseaux sociaux est très risqué, dû à un manque d’information à plusieurs niveaux et à un manque d’encadrement médical. Les influenceurs qui ont une formation médicale se font rares. Dans la plupart des cas, ce sont des gens sans expertise médicale qui témoignent de leur expérience personnelle. Une des conséquences de cette promotion est qu’ils simplifient leur propos ou même déforme les informations ainsi que la réalité scientifique. Afin de créer un engagement et de gagner en crédibilité, plusieurs omettent de mentionner des effets secondaires graves et font briller les bénéfices visibles tels que la perte de poids. Pour le cas de Ozempic, l’apparition de nausées, de pancréatite, de diarrhée ou même de vomissement sont rarement soulevée. Résultat: le public est face à une vision fausse et idéalisée. Cette promotion contribue à banaliser son usage et à créer une solution rapide qui est très loin de la réalité médicale.
Une pénurie et des conséquences sociales à ne pas négliger
Comme souligné plus haut, Ozempic était à l’origine utilisé pour soigner les patients atteints de diabète de type 2. Or, depuis le mouvement #OzempicChallenge, Ozempic est devenu un médicament populaire pour la perte de poids. Sa promotion et sa popularité virale sur TikTok ont occasionné des pénuries mondiales, privant de nombreux patients diabétiques d’un traitement qui leur est essentiel. Il est donc pertinent de se pencher sur la responsabilité des réseaux sociaux dans la sphère médicale et l’influence grandissante des influenceurs.
Responsabilité floue
Finalement, comme tout médicament, les possibilités de complications ne sont pas nulles. La promotion inadéquate des influenceurs par rapport à Ozempic ou à tout autre médicament peut accentuer ce phénomène et exposer le public à des risques réels pour sa santé. En cas de complication, la question de responsabilité reste floue: est-ce l’influenceur, la marque pharmaceutique ou la plateforme où l’information à été diffusée qui doit être tenue responsable? Qui doit prendre le blâme? Cette zone grise soulève de majeurs enjeux juridiques et éthiques. Malheureusement, le cadre juridique actuel n’est pas encore adapté à ce type de promotion, mais il deviendra primordial si la tendance se maintient.
Conclusion
Aujourd’hui, les influenceurs occupent une place centrale dans la manière dont nous percevons la santé et le bien-être, et le cas d’Ozempic en est un exemple frappant. Leur influence peut s’avérer utile en rendant certains sujets facilement accessibles, mais elle peut devenir rapidement dangereuse en raison de la désinformation et de la banalisation. On se retrouve ainsi face à un véritable paradoxe: faire la promotion de la santé peut sembler bienveillant, mais sans encadrement médical, cette pratique peut rapidement se transformer en cauchemar pour la santé publique. Ce phénomène dépasse le cadre personnel. En effet, il questionne notre rapport collectif à l’influence, la science et à la responsabilité.
Bibliographie
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