Introduction
Les environnements numériques affectent de plus en plus nos comportements et il ne faut pas sous-estimer l’impact que le design des interfaces a sur nous. Selon le rapport de la Commission Bronner, « ce que nous pourrions penser relever de notre liberté de choix se révèle ainsi, parfois, le produit d’architectures numériques influençant nos conduites » (Le Monde, 2023). Chaque clic ou chaque défilement sur un site ou une application est souvent le résultat d’un design qui cherche à guider nos décisions, Certaines techniques, comme les nudges, essayent de nous aider à faire de meilleures choix.D’autres, qu’on appelle des dark patterns, manipulent les utilisateurs pour servir les intérêts d’une plateforme. Un exemple marquant est celui d’Uber, en 2017 deux enquêtes ont révélé que l’entreprise utilisait des techniques de design invisibles pour pousser ses chauffeurs à accepter plus de courses, sans qu’ils en aient pleinement conscience (Rosenblat, 2017 ; Etkin, 2017).
Cela soulève une question : sommes-nous guidés ou piégés par les interfaces numériques ? Pour répondre à cela, nous verrons ce que sont les nudges et les dark patterns, comment ces pratiques peuvent nous influencer sans que nous le sachions, ainsi que les débats actuels et les solutions possibles en tant qu’utilisateur.
- Nudges et dark patterns : qu’est-ce que c’est? (Définitions)
Les nudges sont définis comme « des éléments subtils de conception, d’information ou d’interaction utilisés pour guider le comportement des utilisateurs dans les environnements numériques, sans restreindre leur liberté de choix » (Habit Inspiring Platform, s.d.). Par exemple, une infobulle qui suggère une option bénéfique, une bannière indiquant le choix le plus populaire, ou encore un GPS qui propose un itinéraire plus court sont tous des exemples de nudges présents dans notre quotidien numérique. Ils sont conçus pour accompagner les utilisateurs vers des prises de décisions plus éclairées, tout en respectant leur autonomie.
A l’inverse, les dark patterns (ou interfaces trompeuses) désignent « des techniques de design utilisées par des sites ou des applications pour manipuler les utilisateurs et les pousser à prendre des décisions qu’ils n’auraient pas prises autrement » (Osano, s.d.). Ces pratiques sont perçues comme des outils qui restreignent la liberté de décision des utilisateurs dans l’intérêt des organisations. Cela peut inclure, les abonnements difficiles à résilier, les comptes à rebours trompeurs sur des sites qui simulent une urgence artificielle ou encore les options pré-cochées lors d’achats en ligne, qui ajoutent automatiquement des services ou produits au panier sans que l’utilisateur s’en rende compte.
Des chercheurs et experts insistent sur la différence d’intention entre les deux pratiques. UX Planet (2020) rappelle que le nudge repose sur une volonté d’aider l’utilisateur à prendre une meilleure décision (dans son intérêt), alors que les dark patterns cherchent avant tout à servir les objectifs commerciaux ou stratégiques de l’entreprise, quitte à nuire à l’utilisateur. Cette frontière reste pourtant le sujet de débats, il est donc essentiel de bien distinguer les nudges des dark patterns. Mais dans la pratique, ces techniques sont souvent invisibles : la majorité des utilisateurs ne les repèrent pas et deviennent vulnérables face à leurs effets. Comment ces techniques opèrent-elles concrètement ? Et pourquoi sont-elles si difficiles à détecter ? C’est ce que nous allons explorer maintenant.
- Comment les applications/ sites internet nous influencent à notre insu ?
Lorsqu’on utilise une application ou qu’on achète en ligne, nos choix semblent libres, mais souvent, nos sélections sont influencées par un design conçu pour guider nos décisions sans que l’on s’en rende compte.
- Des techniques de manipulation bien faites
L’OCDE a récemment identifié plusieurs techniques de types dark patterns, particulièrement utilisées dans le commerce en ligne. Parmi elles, on retrouve le compte à rebours fictif (“Il ne reste que 2 chambres à ce prix !”), les frais cachés ajoutés au dernier moment et le labyrinthe de désabonnement qui rend très difficile de quitter un service (Lagorge, 2024).
Ce type de pratiques est aussi bien documenté par Luguri et Strahilevitz (2021), qui ont mené une étude expérimentale qui montre que les utilisateurs exposés à des dark patterns sont beaucoup plus susceptibles de communiquer des informations personnelles ou à accepter des conditions qu’ils n’auraient, en temps normal, jamais acceptées.
De son côté l’article Zac et al. (2023) nous rappelle que ces stratégies sont d’autant plus efficaces qu’elles ciblent des utilisateurs vulnérables ou inattentifs, comme les jeunes, les personnes âgées ou celles qui ne sont pas familières avec les logiques du numérique. Ces publics sont particulièrement exposés, notamment dans le cas des réseaux sociaux où l’engagement est maximisé par des mécanismes de récompense (likes, notifications, scroll infini), qui exploitent certains biais cognitifs, notamment le biais de rareté (exemple : « il ne reste plus que 2 articles à ce prix ») ou encore le biais de preuve sociale (ex. : « 42 personnes consultent cette offre actuellement »). Ces biais sont fréquemment exploités dans la conception de dark patterns pour inciter les utilisateurs à agir rapidement sans réflexion (Kozyreva, Lewandowsky, & Hertwig, 2024).
- Des techniques de manipulation difficiles à repérer
Pourquoi ces manipulations sont-elles souvent difficiles à repérer ? D’abord, parce que ces éléments sont intégrés au design de manière très fluide, presque invisible. Par exemple, un bouton bien en évidence pour acheter ou accepter, tandis que l’option refuser est bien plus petite. Ces subtilités ne sont pas perçues comme des pièges, même si elles orientent nos choix.
Ensuite, il y a un manque de connaissance des utilisateurs. Beaucoup d’utilisateurs n’ont pas les outils pour repérer ces stratégies ou comprendre qu’ils sont influencés. C’est ici que le concept de littératie numérique devient important. Savoir lire, comprendre et connaitre les intentions cachées derrière une interface, sont des compétence plus que nécessaires dans notre époque. Malheureusement, tout le monde n’est pas au même niveau en matière de littératie numérique, comme le soulignent l’article de Zac et al. (2023). Les personnes en situation de stress, de fatigue ou d’urgence sont généralement moins en mesure de déjouer ces techniques. Prenons un exemple : en se précipitant pour valider une commande, on a tendance à ignorer les conditions ou à accepter un abonnement sans vraiment le vouloir.
- Pourquoi ça fait débat ?
Après avoir vu comment ces techniques sont utilisées dans les interfaces numériques, une question se pose : est-ce toujours acceptable ? Dans cette partie nous discuterons des différents débats que soulèvent ces pratiques.
- Même les nudges posent des questions : où est la limite ?
À première vue, on pourrait penser que seuls les dark patterns posent problème puisque d’après la définition, leur but est clairement de manipuler les utilisateurs à des fins commerciales, souvent sans leur consentement éclairé. Mais ce n’est pas si simple, même les nudges, qui sont censés accompagner les décisions sans manipuler, sont critiqués.
Selon un article de The Decision Lab (2023), certaines formes de nudges peuvent rendre difficile la distinction entre aide et manipulation. Par exemple, nous pousser à faire plus d’exercice ou à épargner peut sembler positif, mais que se passe-t-il si cela sert avant tout les intérêts d’une entreprise ? L’étude publiée dans Behavioural Public Policy par Sin, Harris, Nilsson et Beck (2025) va dans le même sens : même les nudges bien intentionnés peuvent amener les utilisateurs à prendre des décisions impulsives, notamment dans le e-commerce. Le risque, c’est qu’en cherchant à « aider », on finisse par orienter sans leur laisser assez de recul ou de temps pour réfléchir.
- Un résumé des controverses
Plusieurs études récentes ont montré que les effets de ces pratiques sont loin d’être anodins. Par exemple, l’étude de Luguri et Strahilevitz (2021) révèle que même des manipulations, apparemment légères, peuvent fortement influencer les décisions des utilisateurs, souvent à leur insu. L’OCDE (2024) montre que certaines de ces pratiques jouent sur la peur de manquer une opportunité (FOMO) ou sur l’urgence perçue, ce qui altère notre capacité à réfléchir correctement avant d’agir. Ainsi, on achète, on clique ou on s’inscrit sans prendre le temps de comparer ou de douter.
Luguri et Strahilevitz (2021) ont d’ailleurs montré dans leurs expériences que les dark patterns peuvent procurer des niveaux de stress et de pression similaires à ceux ressentis lors d’une prise de décision sous contrainte, même quand aucune contrainte réelle n’est imposée. C’est cette capacité à dérégler notre jugement en douceur qui rend ces pratiques particulièrement difficiles à détecter.
- L’importance de l’intention du concepteur
Finalement, tout ramène à une chose : l’intention. S’agit-il de nous aider à faire des choix plus éclairés, ou bien de nous pousser subtilement à agir dans l’intérêt d’une entreprise ? C’est cette différence qui fait toute la complexité du débat.
Certaines études insistent sur ce point : l’absence de transparence sur le design des interfaces et de consentement explicite est ce qui rend une pratique problématique (The Decision Lab, 2023 ; Sin et al., 2025). Lorsqu’un utilisateur ne comprend pas qu’il est guidé ou pire, qu’il est piégé, la relation de confiance est rompue.
Dans ce contexte, plusieurs experts appellent à des régulations plus strictes. Il ne s’agit pas seulement de bannir certains types de design, mais aussi de protéger l’autonomie de décision des utilisateur, notamment dans les environnements numériques où tout est fait pour capter leur attention (Zac et al., 2023 ; Luguri & Strahilevitz, 2021).
Enfin, cette tension entre efficacité commerciale et éthique reste au cœur du débat. Pour certaines entreprises, utiliser ces techniques est un moyen d’augmenter les ventes. Mais d’un autre côté, ces pratiques peuvent dégrader la confiance des utilisateurs, entacher la réputation des marques, et exposer les organisations à de plus en plus de risques juridiques (VideoWeek, 2022).
- Les enjeux : éthique, économie, légal
À présent, examinons pourquoi cette question touche à des enjeux éthiques, économiques et juridiques.
- Pour les utilisateurs : liberté, impulsion et méfiance
En ce qui concerne la perte de perte de liberté pour les utilisateurs, les dark patterns peuvent altérer le libre arbitre de l’utilisateur. L’article de Sin et al. (2025) montrent que ces pratiques augmentent l’impulsivité des achats, rendant les décisions moins réfléchies. L’OCDE (2024) indique aussi que près de 90 % des consommateurs à travers le monde ont été confrontés à des dark patterns comme des faux compte à rebours ou des offres limitées dans le temps, qui a créé un sentiment d’urgence artificielle chez eux.
L’exposition répétée aux dark patterns peut aussi impacter la confiance envers les sites internet/ applications. Une enquête mondiale menée auprès de 1 000 utilisateurs de e‑commerce et réseaux sociaux révèle que 56 % d’entre eux ont perdu toute confiance en une entreprise après y avoir détecté une technique manipulatrice (CPBTW, 2024). Dans le même esprit, environ 43 % des clients affirment avoir cessé d’acheter sur un site à la suite de la découverte d’un dark pattern (CX Today, 2024). Aussi, une enquête menée au Japon auprès de 1 449 personnes indique que 70 % d’entre eux ont interrompu un achat ou une inscription dès qu’elles ont perçu un côté trompeur dans l’interface (JIPDEC, 2025).
Ces chiffres montrent bien que lorsque les utilisateurs se sentent trahis, ils peuvent quitter définitivement une plateforme. Cela montre à quel point la confiance, une fois brisée, est difficile à regagner.
- Pour les entreprises : profits rapides, réputation et sanctions
Les dark patterns permettent souvent des gains commerciaux rapides : achats impulsifs, abonnements prolongés ou collecte discrète de données personnelles. Chez Amazon, la FTC a révélé en 2023 que le processus pour se désabonner de Prime était volontairement complexe, avec plusieurs écrans et des messages décourageants comme « Vous allez perdre vos avantages », rendant le désabonnement difficile et augmentant artificiellement le taux de rétention des clients (Federal Trade Commission, 2023). Fortnite (Epic Games) a aussi été critiqué pour ses interfaces incitant les joueurs, souvent mineurs, à faire des achats sans confirmation explicite. De ce fait, l’entreprise a été condamnée à verser 245 millions de dollars en remboursements pour ces pratiques, et 275 millions supplémentaires pour non-respect de la loi COPPA sur la vie privée des enfants (FTC, 2022). Notons aussi que ces pratiques peuvent se retourner contre les entreprises. Trivago, par exemple, a perdu la confiance de nombreux utilisateurs après avoir été condamnée en Australie pour avoir mis en avant de fausses « meilleures offres », favorisant certains partenaires commerciaux au lieu des prix les plus bas. L’entreprise a écopé d’une amende de 44,7 millions de dollars australiens et a vu sa crédibilité entachée (Australian Competition and Consumer Commission, 2020). Répéter ces tactiques crée de la méfiance et fragilise la fidélité des clients. Selon Luguri et Strahilevitz (2021), une fois qu’un utilisateur se sent trompé, il est peu probable qu’il revienne. Enfin, les risques juridiques sont bien réels, en plus des cas déjà cités, Fareportal a reçu une amende de 2,6 millions de dollars par l’État de New York pour l’utilisation de faux messages d’urgence lors de la vente de billets d’avion, comme des compteurs de temps fictifs ou des alertes de disponibilité inventées (New York Attorney General, 2021). Ces exemples montrent que si les dark patterns peuvent rapporter gros, les conséquences en termes de réputation et de sanctions sont de plus en plus lourdes.
- Pour la société : régulation et défense des utilisateurs
Face à l’explosion des dark patterns, de nombreux pays agissent en mettant en place des règles. Par exemple :
- Le Digital Services Act de l’Union européenne : interdit explicitement les interfaces trompeuses, qu’il définit comme des interfaces « conçues pour tromper ou manipuler les utilisateurs », et prévoit des amendes allant jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial (European Commission, 2022).
- La California Privacy Rights Act (CPRA) définit les dark patterns comme « des interfaces subvertissant ou altérant de manière significative l’autonomie ou la prise de décision de l’utilisateur » et souligne que le consentement obtenu par de tels procédés est invalide (California Privacy Protection Agency, 2022).
Ces régulations ont pour but de garantir aux utilisateurs une information claire, un consentement explicite, et le droit de se désengager sans difficulté. CCela pourrait établir un modèle à suivre pour d’autres pays qui n’ont pas encore pris de telles mesures.
- Que faire en tant qu’utilisateur ?
Face à des interfaces conçues pour orienter nos choix parfois sans que nous en ayons pleinement conscience, il est essentiel de développer une posture plus critique.
- Savoir repérer les dark patterns
Même s’ils sont très souvent discrets, certains éléments doivent éveiller notre attention :
- Des boutons très visibles pour « accepter » ou « acheter », mais des options comme « refuser » ou « annuler » en plus petit ou bien cachées.
- Des abonnements qui se renouvellent automatiquement sans aucun rappel.
- Une navigation compliquée pour se désinscrire ou refuser le suivi publicitaire.
Des organisations comme l’OCDE (2024) et des chercheurs comme Luguri et Strahilevitz (2021) fournissent de nombreuses ressources pour nous aider à les identifier.
- Développer sa littératie numérique
La meilleure façon de se protéger reste l’information. Ce qu’on appelle la littératie numérique, c’est notre capacité à comprendre le fonctionnement des outils numériques, à identifier les biais dans les interfaces, et à faire des choix éclairés.
Cela passe par le fait de prendre le temps de lire (même rapidement) les conditions avant de cliquer et de s’informer sur les types de dark patterns et nudges existants (il existe des guides très simples en ligne, comme sur deceptive.design).
- Devenir un utilisateur plus éclairé
Il faut développer son esprit critique en apprenant à se poser les bonnes questions. Est-ce que ce choix est vraiment le mien? Ai-je eu toutes les informations ? Est-ce que j’aurais pris la même décision si le design était différent ? En sensibilisant les autres, en partageant des contenus éducatifs ou même en signalant les pratiques trompeuses aux autorités comme le Bureau de la concurrence au Canada ou le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada (OPC), nous avons une chance de changer les choses.
Conclusion
Il est clair que les environnements numériques ne sont pas neutres : chaque clic et chaque interface peuvent influencer nos décisions. L’avenir du design numérique responsable repose autant sur les choix des organisations que sur la capacité des utilisateurs à les comprendre. En développant nos compétences et notre compréhension du numérique, nous serons mieux équipés pour naviguer dans le monde digital.
Bibliographies
- Australian Competition and Consumer Commission. (2020). Federal Court orders Trivago to pay $44.7 million penalty for misleading consumers.
- Behavioral Economics Academy. (n.d.). Nudge ethics: Critical views summary.
- Etkin, J. (2017). Uber Shows How Not to Apply Behavioral Economics. Harvard Business Review.
- Federal Trade Commission. (2022). FTC Finalizes Order Requiring Fortnite Video Game Maker Epic Games to Pay $245 Million in Refunds.
- Federal Trade Commission. (2024). FTC Sends Nearly $26.5 Million in Fortnite Refunds.
- Habit Inspiring Platform. (n.d.). Nudge: A gentle push towards better digital decisions. https://www.habitweekly.com/platform/nudge
- Lagorge, N. (2024, September 16). Six ‘dark patterns’ used to manipulate you when shopping online. OECD
- Le Monde. (2023, janvier 13). Interfaces numériques : mille nuances de liberté. Blog Binaire.
- Luguri, J., & Strahilevitz, L. J. (2021). Shining a light on dark patterns. Journal of Legal Analysis, 13(1), 43–109.
- New York Attorney General. (2021). Attorney General James Secures $2.6 Million From Fareportal for Deceptive Online Airline Ticket Sales Practices.
- Osano. (n.d.). What are dark patterns? https://www.osano.com/articles/dark-patterns
- Rosenblat, A. (2017, April 2). How Uber Uses Psychological Tricks to Push Its Drivers’ Buttons. The New York Times.
- Sin, R., Harris, T., Nilsson, S., & Beck, T. (2025). Dark patterns in online shopping: Do they work and can nudges help mitigate impulse buying?
- Singh, V., Vishvakarma, N. K., & Kumar, V. (2025). Profit over principles: Unveiling the motivating factors behind dark patterns in e-commerce through the lens of agency theory. Journal of Enterprise Information Management.
- Sparck.io. (2022). Death to deceptive patterns: Legislating for user-centred design.
- The Decision Lab. (2023). The continued controversy of nudging.
- UX Planet. (2020). Dark patterns vs. behavioural nudges in UX.
- VideoWeek. (2022). The debate on dark patterns explained.
- Zac, A., Huang, Y.-C., von Moltke, A., Decker, C., & Ezrachi, A. (2023). Dark patterns and consumer vulnerability. Behavioural Public Policy, 1–50.
- California Privacy Protection Agency. (2022). CPRA Regulations.
- European Commission. (2022). The Digital Services Act Package.