Dans une société digitale où tout va très vite, la quête de l’amour a doublé de vitesse faisant accroître le nombre d’application de rencontres. De nos jours, il existe des centaines d’application de rencontres répondant à différents besoins. Il est désormais facile de trouver un partenaire pour une nuit ou pour une relation longue durée en quelques clics grâce aux applications de rencontre. Celles-ci ont révolutionné la manière dont les individus établissent des relations. Selon une étude de SSRSP, plus de la moitié (56%) des utilisateurs ayant déjà utilisé une application de rencontre en ligne sont âgés de 18 à 29 ans. (1) Plus étonnant encore, 46% des utilisateurs rapportent une expérience plutôt négative. (2) Voyons ensemble, pourquoi l’expérience des applications de rencontre a un retour si négative.
Une quête fatigante de l’amour :
La psychologue Rachel Vida MacLynn définit le “dating fatigue” comme un sentiment d’épuisement, de désillusion, voire d’apathie envers le processus de rencontre. Il s’agit d’un état émotionnel dans lequel la recherche d’un partenaire romantique, autrefois passionnante et pleine d’espoir, devient un parcours épuisant et apparemment sans fin. Les raisons de cette fatigue peuvent être causées par une abondance de choix, des interactions superficielles, un cycle de déception ou encore un investissement en temps et en émotions. (3)
D’après Maude Lecompte, chargée de cours au Département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), l’épuisement de certains peut être dû à l’aspect de compétition entre les utilisateurs. En effet, il y a de fortes chances que votre match discute en parallèle avec d’autres personnes rencontrées sur la plateforme, ce qui engendre une pression à répondre rapidement. Cette compétition ne va pas simplement être dû au nombre de matchs de votre potentiel partenaire, mais elle va être surtout nourrit de la comparaison sociale. Effectivement, les utilisateur.rice.s sont exposées à des profils alignés sur les standards de beauté dominants. Cette dynamique instaure une compétition implicite, où chacun se compare et se juge par rapport aux autres, souvent sans même en avoir conscience. Des recherches montrent d’ailleurs que les personnes qui utilisent les applications de rencontre se déclarent plus insatisfaites de leur visage et de leur corps que celles qui ne les utilisent pas. Elles seraient également plus enclines à intérioriser les normes de beauté, à comparer leur apparence, à ressentir de la honte vis-à-vis de leur corps et à adopter des comportements de surveillance corporelle tels que l’auto-objectification et l’attention constante portée à leur image. (4)
Une quête de l’amour dangereuse :
Lorsque l’on est sur les application, une barrière invisible se créait où les utilisateurs.trices pensent être libres d’écrire tout ce qu’ils pensent : commentaires sexistes, racistes sont présents en grandes quantités sur les surfaces numériques. Ainsi, bien que les hommes reçoivent aussi des commentaires négatifs sur les applications de rencontres, un fossé existe bien entre les deux sexes, et comme dans la vraie vie ce sont surtout les femmes qui en subissent le plus les conséquences. Plus d’une femme sur deux (57%), âgées de 18 à 34 ans a déjà subi des avances insistantes de la part de quelqu’un ainsi que des propos obscènes ou à connotation sexuelle ou encore des images sexuellement explicites non sollicitées sur des sites de rencontre. (5) L’absence de retenue et la multiplication des comportements nocifs en ligne engendrent un problème encore plus insidieux : la banalisation, voire la normalisation, de ces transgressions qui, faute de moyens pour les éradiquer, finissent par être tolérées. (6)
Finalement, derrière les écrans, on retrouve les mêmes problématiques sociétales que dans le monde physique, où les comportements sexistes et les violences faites aux femmes sont encore nombreux.
Une quête de l’amour addictive :
Et malgré les deceptions, beaucoup d’utilisateurs continuent d’utiliser ses sites de rencontre pour principalement deux raisons : la dose de dopamine que nous procure ces applications et l’effet de loto. On pourrait d’ailleurs même parler d’addiction à ces applications de rencontres. En effet, les plateformes de rencontre se présentent souvent comme des jeux. Le système de balayage de Tinder par exemple s’inspire volontairement d’expériences du psychologue B.F. SKINNER : le « swipe » crée une addiction parce que l’utilisateur ne sait jamais sur quelle photo il va tomber après le prochain swipe, de la même façon que l’on ne sait jamais si on va gagner lors de la prochaine partie sur une machine à sous. (7) Le professeur de psychologie à la California State University, Larry Rosen a d’ailleurs déclaré que de “Se connecter à un nouveau match sur une application de rencontres ou voir une nouvelle notification apparaître sur une application provoquerait une explosion de dopamine dans le cerveau”. Comme le rapporte, Philippe Baud, psychologue et coach, “les applications et les sites de rencontres sont là pour aider à la rencontre et satisfaire des désirs. Il est possible de rencontrer l’amour, toutefois, si ces sites peuvent vous aider dans votre recherche d’une relation durable, ils peuvent vous être néfastes (…) Cependant, en prendre conscience est la première étape vers la guérison.” Vous l’aurez compris, l’utilisation des applications de rencontres doit être contrôlée afin d’éviter toute dépendance. (8)
Ma vision de cette quête :
De mon point de vue, je ne suis pas contre l’utilisation d’applications de rencontre, mais je pense qu’il est primordial d’être conscient de sa propre démarche lorsque l’on va dessus. Que ce soit pour une recherche de relations sérieuses ou de relations sans lendemain, il est nécessaire d’être transparent et de l’indiquer dans votre profil pour le faire savoir aux autres et ne pas avoir de malentendu.
Malgré tout, j’estime qu’il est important d’essayer de se détacher de cette utilisation pour ne pas tomber dans la dépendance. Il est aussi bien de se laisser de laisser la possibilité de faire des rencontres inattendues dans la “vraie vie”. L’amour ne peut pas être planifié, choisi, ou contrôlé, cela peut nous tomber dessus à n’importe quel moment, il faut simplement savoir l’accueillir. L’amour est précieux, il ne doit pas être consommer à grande vitesse, il doit être chéri, et apprécié. Dans un monde, où la recherche de notre idéal est trop mis en avant par les médias, un retour au slow love devrait être adopté, un retour aux choses simples. Pour finir, je dirais que le premier amour que vous devriez rencontrer est l’amour de soi. Apprenez à vous aimer avant de vouloir aimer quelqu’un d’autre. Personne ne vous aimera mieux que vous-même.
Sources :
(1)Sondage omnibus du SSRS Opinion Panel mené du 5 au 7 janvier et du 19 au 21 janvier 2024 auprès d’un échantillon national représentatif de 2 011 adultes âgés de 18 ans et plus
(2)Étude de Pew Research Center, The experiences of U.S. online daters, 2023
(3)Article Rachel Vida MacLynn, What is dating fatigue? Maclynn, 2024
(4)Article Geneviève Bélanger-Nantel, Les applications de rencontre affectent-elles l’image corporelle? 2025
(5)Étude réalisée par le Pew Research Center, The State of Online Harassment, 2020
(6)Article de André Boily, Sur les sites et les applications de rencontre, les comportements grossiers prolifèrent, 2022
(7)Étude réalisée par Statista, Répartition des Français se jugeant dépendants aux sites et applis de rencontre par âge, 2020
(8)Article de Ava Skoupsky, Psychologies, Si vous utilisez les applications de rencontres, ne tombez pas dans ce piège, 2022