BNPL et cote de crédit : vrai move financier ou illusion?

Par staingartmarina
22 octobre 2025 · 1 vues
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Vidéo pour expliquer les BNPL et cotes de crédit

T’as sûrement déjà vu ce petit bouton magique pendant que tu magasinais en ligne : « Acheter maintenant, payer plus tard ». Intéressant : pas d’intérêt, pas besoin de carte de crédit, juste quatre paiements chill.

Mais si t’es un peu curieux ou curieuse, t’as peut-être aussi entendu que le BNPL (Buy Now Pay Later) pourrait aider à bâtir ta cote de crédit.

Mais est-ce vrai? Ou c’est juste du marketing de fintech ?

On plonge là-dedans ensemble — sans jargon plate, promis.

Le BNPL, c’est quoi au juste?

Le Buy Now, Pay Later (BNPL), c’est comme un prêt express disponible directement au moment du paiement. Au lieu de payer la totalité d’un achat tout de suite, tu divises la facture en petits versements — souvent quatre paiements égaux, sans intérêts, étalés sur six à douze semaines. L’idée, c’est d’alléger le portefeuille tout en permettant de consommer sur le champ. En pratique, quand tu choisis “payer plus tard” au checkout (sur un site comme Amazon, Sephora ou Best Buy), une fintech comme Affirm, Klarna, Afterpay ou Sezzle avance l’argent au commerçant, puis te facture les versements. Pour toi, c’est fluide et transparent: ton achat est livré immédiatement, et les paiements sortent automatiquement de ton compte selon le calendrier prévu.

Pour la plupart des utilisateurs, c’est une solution “sans tracas” : pas de carte de crédit, pas de vérification de crédit lourde, pas d’intérêts tant que tu paies à temps. En théorie, tout le monde y gagne : le client obtient son article sans stress, le commerçant vend plus, et la plateforme BNPL prend une petite commission (souvent autour de 4 %). Sauf que, derrière cette simplicité, se cache une mécanique financière complexte — une mini-chaîne de crédit qui, jusqu’à récemment, échappait aux radars des bureaux de crédit. Et c’est justement là que le débat commence : est-ce un outil pratique, ou un piège à dettes “douces” pour les jeunes consommateurs ?

Pourquoi le BNPL est devenu si populaire (et un peu addictif)

Ce qui a fait exploser le BNPL depuis 2020, c’est son image cool et instantanée. Contrairement à la carte de crédit, qui traîne une réputation de “truc d’adulte”, le BNPL s’intègre parfaitement aux habitudes numériques des 18–35 ans : trois clics, zéro friction, pas besoin de parler à un conseiller. Pendant la pandémie, quand tout le monde magasinait en ligne et que les budgets étaient serrés, ces petits paiements fractionnés ont semblé être une bouée de sauvetage. Ajoute à ça une esthétique d’app soignée, des notifications “positives” (“prochain paiement dans 3 jours !”) et des partenariats avec des marques ultra-tendances, et t’obtiens un cocktail parfait pour séduire les étudiants, les jeunes pros, et les adeptes du shopping en ligne.

Mais cette popularité a aussi l’autre côté de la médaille. Parce que c’est facile, beaucoup de gens multiplient les plans BNPL sans réaliser qu’ils cumulent en fait plusieurs petits prêts à court terme. Selon une étude de McKinsey (2023), près d’un consommateur sur cinq avouait avoir oublié au moins un paiement BNPL. Et là, la facture s’alourdit vite : pénalités, intérêts de retard, voire dossier de recouvrement. Bref, le BNPL rend le crédit plus accessible — mais aussi plus dangereux pour ceux qui n’ont jamais appris à le gérer. C’est pour ça que les autorités financières (comme la CFPB aux États-Unis) et les agences de crédit (FICO, Experian, TransUnion) se sont enfin décidées à encadrer ce marché. En 2025, avec les nouveaux scores FICO intégrant le BNPL, on entre dans une nouvelle ère : celle où même tes “petits paiements de 20 $” peuvent t’aider (ou te nuire) dans ta vie financière future.

Avant 2025: le BNPL, un ninja invisible du crédit

Pourquoi personne voyait ton BNPL dans ton dossier? Imagine ton dossier de crédit comme ton bulletin de notes financières: les banques regardent tes cartes de crédit, tes prêts étudiants, ton loyer… mais ton petit BNPL pour tes écouteurs? Nada.

Ceci arrivait pour deux raisons :

  1. Les compagnies ne rapportaient pas ces prêts. Par example, Les Afterpay, Klarna, Sezzle & cie ne transmettaient pas leurs données aux bureaux de crédit comme Experian, Equifax ou TransUnion. Donc, il n’y avait aucune trace de tes bons paiements.
  2. Les modèles de score étaient dépassés. Les vieux scores FICO (Fair Isaac Corporation, a U.S. analytics company that created the FICO® Score) 8 et 9 ont été conçus avant que le BNPL existe. Ils ne savaient juste pas quoi faire avec ça.

Résultat? Tes paiements à temps ne t’aidaient pas… mais si t’oubliais une mensualité et que ça partait en recouvrement, là, ton dossier prenait une claque. C’est un peu comme remettre tous tes travaux à temps, mais que le prof ne note que le seul que t’as oublié. Pas génial.

En 2025 arrive le grand tournant : le BNPL sort enfin de l’ombre

Faut croire que les institutions financières se sont finalement réveillées. Après des années à ignorer le phénomène, 2025 marque un vrai shift : les grands joueurs du crédit reconnaissent que le BNPL n’est plus un gadget pour magasineurs compulsifs, mais un vrai outil de financement à surveiller.

FICO, le géant du scoring, a ouvert le bal avec deux nouveaux modèles : le FICO 10 BNPL et le FICO 10T BNPL. Ces versions ne se contentent plus d’évaluer tes cartes ou tes prêts étudiants — elles prennent enfin en compte tes achats “payer plus tard”. L’objectif ? Récompenser les jeunes adultes qui gèrent bien leurs versements sans carte de crédit, au lieu de les laisser invisibles dans le système.

Et bien sûr, quand le leader bouge, les autres suivent. Les compagnies de financement à paiements fractionnés se sont mises à jour :

  • Affirm, un des plus gros joueurs BNPL aux États-Unis, rapporte désormais tous ses plans à Experian depuis le 1ᵉʳ avril 2025, incluant même les populaires Pay in 4. C’est la première fois qu’un acteur BNPL envoie autant de données aux bureaux de crédit.
  • Le CFPB, le chien de garde américain du crédit, a statué que le BNPL devait être traité comme une carte de crédit pour plusieurs aspects : relevés mensuels, droit de contestation, remboursements, tout le tralala.
  • TransUnion a, de son côté, commencé à intégrer les données BNPL dans ses fichiers. Ils le font graduellement, avec un “tag spécial” pour éviter que les vieux scores explosent pendant la transition.

En clair, 2025, c’est l’année où le BNPL devient “officiel” dans le monde du crédit. On n’est plus dans une zone grise : les règles se précisent, la transparence augmente, et les comportements responsables peuvent enfin rapporter.

Quelques jalons concrets (et récents !)

Ça bouge bien, voici quelques bonnes nouvelles:

FICO – juin 2025 : Annonce publique des modèles FICO 10 BNPL et 10T. Les premières banques commencent à les tester à petite échelle.

  • Affirm → Experian – avril 2025 : Tous les plans, même les plus courts, sont désormais rapportés. C’est une première dans l’industrie.
  • TransUnion – été 2025 : Lancement officiel du “BNPL tagging system” pour intégrer ces prêts dans leurs bases de données.
  • CFPB – mai à octobre 2024 : Nouvelle règle Reg Z + FAQ : plus de clarté, plus de droits, plus de surveillance.

Traduction : le BNPL est maintenant plus encadré que jamais. On sort du Far West du paiement en quatre, où chaque fintech faisait ses propres lois.

Mais attention — pour que tout ça marche, toute la chaîne doit suivre. Du fournisseur qui déclare, au bureau de crédit qui enregistre, jusqu’à la banque qui consulte le bon modèle… si un maillon saute, l’impact sur ta cote retombe à zéro

Peut-il vraiment t’aider à bâtir ta cote ? Oui… mais faut être discipliné(e)

  • Ton fournisseur doit rapporter. Affirm le fait déjà, mais si ton appli garde ses données pour elle, ton historique reste invisible.
  • Ta banque doit utiliser un modèle à jour. Si ton prêteur roule encore avec un vieux FICO 8 (le “Windows 98” du crédit), ton BNPL ne sert à rien.
  • Et surtout, tu dois payer à temps. Toujours. Un seul paiement en retard, et le système te traite comme une carte maxée : ta cote descend plus vite qu’un café renversé sur ton laptop.

Quand le BNPL se retourne contre toi

  • Le pire scénario : rien de positif, mais des traces négatives.
  • Trop de plans, trop vite : les modèles voient ça comme du stress financier.
  • Vieux scores, nouveaux problèmes : tes efforts vont dans le vide.

Les règles changent : bienvenue dans le BNPL version CFPB

Le CFPB a mis de l’ordre : “Si ça marche comme une carte de crédit, c’est traité comme une carte de crédit.”

  • Tu dois recevoir un relevé clair.
  • Tu as des droits pour contester un paiement.
  • Les remboursements sont encadrés.

Mini-guide étudiant : comment profiter du BNPL sans te brûler

  • Choisis un fournisseur qui rapporte.
  • Active l’autopay.
  • Pas plus d’un plan à la fois.
  • Surveille tes rapports de crédit.
  • Traite ton BNPL comme un vrai prêt.

Questions qu’on se pose tous (pour vrai)

Q1 : Est-ce que le BNPL améliore automatiquement ma cote ?
Non. Pour que ça bouge, il faut trois choses : ton fournisseur doit rapporter tes paiements, le modèle FICO utilisé par la banque doit être compatible, pis tu dois payer chaque versement à temps. Sinon, aucun effet (ou pire, un effet négatif).

Q2 : Qui rapporte les BNPL aux dossiers de crédit ?
En ce moment, Affirm le fait depuis avril 2025 pour tous ses plans (Pay in 4 inclus) via Experian. Les autres compagnies testent des projets pilotes, mais la majorité ne rapportent pas encore systématiquement.

Q3 : Quand je verrai une différence ?
Pas demain matin. Les nouveaux scores FICO 10T regardent tes habitudes sur environ 24 mois. Il faut bâtir une constance avant de voir un changement tangible.

Q4 : Si je paie en retard ?
C’est enregistré comme un défaut classique. Un seul paiement manqué peut faire chuter ta cote de plusieurs dizaines de points, surtout si ça finit en “collections”.

Q5 : Est-ce que les nouvelles règles changent la donne ?
Oui ! Le CFPB oblige les plateformes BNPL à être plus transparentes et à offrir des relevés, des droits de contestation, et une meilleure intégration avec les bureaux de crédit. Moins de flou, plus de protection.

Q6 : Est-ce que le BNPL, c’est meilleur qu’une carte de crédit ?
Pas nécessairement. Le BNPL peut être plus simple à obtenir et sans intérêts, mais les cartes de crédit ont l’avantage de bâtir un historique plus complet. Le mieux ? Un bon mix des deux, utilisé avec discipline.

Q7 : Est-ce que trop de BNPL ouverts en même temps peut nuire ?
Oui. Si t’as plusieurs plans en parallèle, les modèles FICO peuvent y voir un signe de stress financier. C’est comme ouvrir cinq tabs de prêts en même temps : ça inquiète les banques.

Q8 : Est-ce que le BNPL existe au Canada ?
Oui ! Des acteurs comme Sezzle, Afterpay et Klarna sont présents ici, mais la déclaration aux bureaux de crédit canadiens (Equifax, TransUnion) reste encore rare. Le marché suit de près les changements américains.

Q9 : Est-ce que je peux “crédit-builder” avec BNPL si j’ai jamais eu de carte ?
Potentiellement oui, si ton fournisseur rapporte tes paiements. C’est une porte d’entrée intéressante pour un premier historique, surtout pour les jeunes sans carte de crédit — mais seulement si tu paies tout à temps.

Q10 : Est-ce que c’est risqué d’utiliser BNPL pour mes dépenses du quotidien ?
Un peu, oui. Le BNPL est conçu pour des achats ponctuels (électronique, vêtements, voyages). Si tu commences à l’utiliser pour ton épicerie ou ton loyer, c’est un signe que ton budget est trop serré.

Les bonnes pratiques “crédit-builder” version étudiante

a) La version rapide et facile à se rappeler

  • Petits montants, échéances courtes.
  • Un seul plan à la fois.
  • Autopay activé.
  • Vérifie ton dossier chaque session.
  • Aucun BNPL pour des “craquages” de fin de mois.

b) La version experte : Tu veux vraiment monter ta cote ?

  • Garde ta carte de crédit sous 30 % d’utilisation.
  • Rembourse ton prêt étudiant comme un pro.
  • Utilise ton BNPL pour démontrer ta régularité.

En conclusion

Le BNPL, c’est un peu le reflet de notre époque…

Alors la prochaine fois que tu verras le bouton « Payer plus tard », demande-toi : « Est-ce que c’est un bon deal pour moi — ou juste un piège bien emballé ? »

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